- Face à une vague de plans sociaux et à une montée des mobilisations dans plusieurs secteurs, le gouvernement est confronté à une crise sociale profonde.
- Entre fermetures d’usines et grèves annoncées, les tensions s’intensifient, mettant en péril les promesses présidentielles sur l’emploi et la stabilité économique du pays.
La situation sociale en France se durcit alors qu’une série de plans sociaux et de mobilisations syndicales agite le pays. Confronté à une vague de licenciements qui menace ses engagements en matière d’emploi, le gouvernement d’Emmanuel Macron doit aussi faire face à une montée de la contestation. Entre grèves et manifestations, les prochains jours s’annoncent décisifs pour l’avenir social et économique du pays.
Emplois menacés : la CGT alerte sur une « saignée industrielle »
L’annonce par Michelin de la fermeture, d’ici 2026, de ses usines de Vannes et Cholet, où travaillent 1 254 personnes, a créé une onde de choc. La fermeture de ces sites industriels s’accompagne d’un plan social lancé par Auchan, menaçant 2 389 emploissupplémentaires, un bilan alarmant pour l’industrie. Selon la ministre du Travail Agnès Panosyan-Bouvet, « les voyants sont au rouge », un constat partagé par les syndicats et les travailleurs directement touchés.
Pour Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT, cette vague de licenciements présage un mouvement de grande ampleur dans tout le pays. Dans un entretien à La Tribune, le 9 novembre, elle évoquait une « violente saignée industrielle », soulignant que la CGT estime que « plus de 150 000 emplois pourraient disparaître à travers le pays« . Selon elle, les travailleurs sont poussés à la résignation face à des indemnités de licenciement, une situation inacceptable pour la CGT : « Les travailleurs ne se battent pas pour avoir des indemnités et partir, ils se battent pour défendre leur emploi. Il n’y a pas pire violence sociale que le chômage. » La syndicaliste décrit également la brutalité de ces annonces, comme à Michelin : « Imaginez quand vous travaillez dans une usine depuis vingt, trente, quarante ans et qu’en dix minutes, comme à Michelin, vous apprenez sa fermeture ! »
La CGT redoute un « effet domino » qui affecterait les sous-traitants dépendant de ces grandes entreprises, amplifiant la crise. Le syndicat dénombre près de 200 plans sociaux en cours, une statistique qui, selon lui, illustre l’instabilité croissante des emplois industriels en France.
Grèves en série : une semaine de mobilisation dans tous les secteurs
Alors que l’économie française montre des signes de faiblesse, plusieurs secteurs se préparent à des mobilisations. Cette semaine, trois grèves se succéderont, chaque mouvement témoignant du mécontentement croissant envers les choix budgétaires du gouvernement et leurs conséquences sociales.
Ce jeudi 14 novembre, le syndicat national des pilotes de ligne (SNPL) appelle à la grève pour protester contre l’alourdissement de la fiscalité sur le transport aérien, une mesure soutenue par le gouvernement. Les employés du secteur aérien manifesteront devant l’Assemblée nationale lors du vote du budget, témoignant de leur opposition à une fiscalité jugée « trop lourde et menaçante pour l’avenir de l’emploi dans le secteur ».
Le lendemain, vendredi 15 novembre, ce sont les agriculteurs qui entreront en scène. La FNSEA et les Jeunes Agriculteurs appellent à « la reprise des actions », revendiquant une réponse du gouvernement aux promesses faites l’an passé. Les blocages et manifestations prévus rappelleront les actions qui, il y a un an, avaient partiellement paralysé les axes routiers en France.
Enfin, du 20 au 22 novembre, les cheminots de la SNCF entameront une grève pour dénoncer le démantèlement de Fret SNCF et l’ouverture à la concurrence des lignes régionales. Les syndicats du rail ont d’ores et déjà déposé un préavis de grève illimitée à partir du 11 décembre, qui pourrait perturber les déplacements durant les fêtes de fin d’année.
Une fin d’année sous tension : le gouvernement au pied du mur
Les mobilisations ne s’arrêtent pas là, avec d’autres secteurs également en ébullition. En décembre, les grèves et mouvements sociaux pourraient s’étendre, illustrant un mécontentement généralisé et des revendications variées.
Dans la fonction publique, les syndicats FO et la CGT appellent à des grèves en réaction aux projets du ministre Guillaume Kasbarian, qui prévoit des jours de carence pour les arrêts maladie. Ce projet suscite un rejet massif, et l’hypothèse de mobilisations pour trois jours début décembre semble de plus en plus probable.
Dans le domaine de la santé, les biologistes médicaux, représentés par quatre syndicats, menacent de fermer les laboratoires d’analyses du 23 au 31 décembre si l’Assurance maladie refuse de rouvrir les négociations sur leurs tarifs récemment revus à la baisse.
Entre mécontentement social et défi gouvernemental
Pour l’exécutif, cette vague de mécontentement social est un défi de taille en cette fin d’année, alors même que le gouvernement peine à convaincre sur le budget de l’État. La multiplication des appels à la grève et les plans sociaux ajoutent une pression supplémentaire sur un exécutif déjà fragilisé par des réformes contestées et une situation économique complexe.
La CGT appelle même à « des mobilisations pour l’emploi dans toutes les régions » le 12 décembre, un mouvement qui pourrait renforcer encore les tensions. L’objectif est clair pour les syndicats : mobiliser pour défendre l’emploi et dénoncer les choix politiques affectant directement les conditions de travail des salariés.