- Le président élu Donald Trump trace déjà les contours d’une administration prête à appliquer son programme de manière décisive, en accélérant des nominations controversées.
- En contournant le Sénat pour plusieurs nominations, Trump affirme sa volonté de marquer son retour au pouvoir avec une équipe fidèle et résolue.
Dimanche 10 novembre, le président élu Donald Trump a exprimé son souhait d’accélérer les nominations des postes clés de sa future administration, en demandant au Sénat de l’exempter temporairement de son approbation, habituellement obligatoire pour ce type de nomination.
Ce recours, permis par une disposition constitutionnelle en cas de suspension des sessions sénatoriales, reste toutefois rare et symbolise déjà la tonalité ferme de cette présidence à venir. Donald Trump a également annoncé plusieurs personnalités controversées pour des postes stratégiques, envoyant ainsi un message sans équivoque sur l’orientation politique de son mandat.
Une stratégie politique de contournement du Sénat
La demande de Donald Trump a fait réagir, marquant une volonté de déployer au plus vite son équipe. Ce dernier a souligné que « parfois, les votes peuvent prendre deux ans ou plus », rappelant les blocages rencontrés sous son premier mandat (2017-2021). « C’est ce que [les démocrates] ont fait il y a quatre ans et nous ne pouvons pas laisser cela arriver de nouveau », a-t-il affirmé sur la plateforme X.
Les sénateurs républicains en lice pour le poste de chef de file du Sénat, Rick Scott et John Thune, ont rapidement répondu en soutenant Trump dans cette démarche de nominations anticipées. « D’accord à 100 %. Je ferai n’importe quoi pour que vos nominations [soient approuvées] le plus vite possible », a déclaré Rick Scott, sénateur de Floride. John Thune, élu du Dakota du Sud et numéro deux des républicains au Sénat, a affirmé pour sa part : « Nous devons agir vite et de manière décisive pour que les personnes nommées par le président soient approuvées et toutes les options sont sur la table, dont celle de nomination lors d’une pause parlementaire. »
Des choix qui confirment une ligne dure
Parmi les premières nominations annoncées, on retrouve Tom Homan, qui devrait prendre la direction de l’ICE (Immigration and Customs Enforcement). Homan, qui prône une ligne dure sur l’immigration, incarne la volonté de Trump de renforcer le contrôle aux frontières et d’intensifier les expulsions des migrants illégaux. « Je connais Tom depuis longtemps, et il n’y a personne de meilleur que lui pour surveiller et contrôler nos frontières », a déclaré Trump, qualifiant même Homan de « Tsar des frontières ». Cet ancien directeur de l’ICE avait déjà occupé cette fonction sous le mandat Trump, période pendant laquelle près de 4 000 enfants migrants avaient été séparés de leurs parents, déclenchant des critiques internationales.
Des figures féminines : Susie Wiles et Elise Stefanik
Susie Wiles, la conseillère politique qui a orchestré le retour de Trump, est pressentie pour le poste de cheffe de cabinet. Connue pour sa ténacité, elle est surnommée par Trump « bébé de glace », en raison de son calme légendaire dans les situations tendues. Wiles prend ainsi un rôle crucial dans l’administration, une fonction comparable au poste de secrétaire général en France. Ce poste avait connu plusieurs changements sous le premier mandat de Trump, l’ancien général John Kelly, l’un de ses prédécesseurs, l’ayant même qualifié de « fasciste ».
Par ailleurs, Elise Stefanik, représentante républicaine de New York, a été choisie pour occuper le poste d’ambassadrice des États-Unis auprès des Nations Unies. Stefanik, qui a commencé sa carrière avec des positions modérées, est devenue une fidèle partisane de Trump. Ce dernier n’a pas hésité à la qualifier de « combattante de l’Amérique incroyablement forte, tenace et intelligente ». Stefanik s’est dite « réellement honorée » d’accepter le poste et impatiente « d’obtenir le soutien de [ses] collègues du Sénat des États-Unis ».
JD Vance : un vice-président atypique
Le sénateur de l’Ohio JD Vance, un ancien militaire de 40 ans, est nommé vice-président. Connu pour ses positions parfois controversées, Vance avait critiqué le président Trump dans le passé, mais a depuis fait preuve d’une fidélité absolue envers lui. Ce choix représente un signal fort, Trump semblant favoriser les figures au parcours atypique mais qui restent en ligne avec ses valeurs. Vance, dans des vidéos ressorties durant la campagne, avait notamment qualifié les démocrates de « bande de femmes à chats malheureuses » sans enfants, les accusant d’un manque de vision pour le pays.
Elon Musk : une mission de transformation en profondeur
Quant à Elon Musk, un soutien majeur de Trump lors de la campagne, il serait pressenti pour un rôle unique et inédit. Donald Trump lui a en effet confié la tâche de mener un audit complet de l’administration américaine afin de réformer les institutions de manière drastique. Musk, qui a largement contribué financièrement à la campagne de Trump, a d’ailleurs partagé un photomontage de lui dans le Bureau ovale, symbolisant son enthousiasme pour cette mission ambitieuse.
Un rôle en santé pour Robert Kennedy Jr. ?
La nomination de Robert Kennedy Jr., figure médiatique antivaccins, pourrait, elle aussi, provoquer des débats. Kennedy, qui s’était initialement présenté en tant que candidat indépendant à la présidentielle, s’est finalement retiré de la course au profit de Trump. Si son rôle exact reste encore indéfini, sa participation dans le domaine de la santé est envisagée, promettant ainsi une politique alternative sur certaines questions médicales.
Le choix de Donald Trump pourrait redéfinir les standards politiques aux États-Unis, alors que Trump s’apprête à marquer, encore une fois, l’histoire du pays avec des méthodes inédites et controversées.