- Plusieurs associations, syndicats et partis de gauche protestent contre la tenue, mercredi à Paris, du gala « Israel is Forever ».
- Un rassemblement qualifié de « provocant » dans un contexte international explosif.
La tenue prochaine du gala « Israel is Forever », prévu ce mercredi 13 novembre à Paris, suscite une vive opposition de la part d’associations propalestiniennes, de syndicats et de partis de gauche en France. Cet événement est perçu comme une célébration de la politique israélienne actuelle, en pleine période de conflit au Proche-Orient. Initialement annoncé comme invité d’honneur, le ministre israélien des Finances Bezalel Smotrich, connu pour ses opinions ultra-nationalistes et son soutien à la colonisation des territoires palestiniens, ne devrait finalement pas faire le déplacement. Pourtant, la controverse demeure, alimentée par des tensions croissantes autour de la question palestinienne.
Un contexte tendu et une opposition farouche en France
Organisé par l’association « Israel is Forever » et son influente présidente, Nili Kupfer-Naouri, le gala a été présenté comme « la mobilisation des forces francophones sionistes au service de la puissance et de l’histoire d’Israël ». Ce rassemblement privé, à 260 euros la place, a pour objectif de célébrer la mémoire et le soutien envers l’État israélien. Cependant, l’identité de certains organisateurs et invités suscite un large rejet.
Kupfer-Naouri, avocate franco-israélienne et figure de la droite israélienne en France, est régulièrement accusée par les élus de La France insoumise de relayer la « propagande de l’extrême droite israélienne ». Lors d’une récente intervention sur la chaîne CNews, elle avait notamment suscité la polémique en déclarant : « La population civile [de Gaza] a mis au pouvoir le Hamas en sachant pertinemment quel était son programme, c’est-à-dire l’extermination d’Israël […] Il n’y a pas de population civile innocente à Gaza ».
Cette déclaration, critiquée pour son caractère radical, s’inscrit dans un contexte de tensions accrues au Proche-Orient, où le bilan humain s’alourdit chaque jour. Le ministère de la Santé du Hamas dénombre actuellement plus de 43 600 morts dans la bande de Gaza, dont près de 70 % sont des femmes et des enfants selon un décompte partiel de l’ONU.
Bezalel Smotrich : une figure controversée au cœur de la polémique
L’opposition au gala prend également pour cible la présence annoncée – bien que désormais incertaine – de Bezalel Smotrich, ministre israélien des Finances et membre du gouvernement de Benjamin Netanyahu, souvent décrit comme une figure de l’extrême droite israélienne. Partisan déclaré de la colonisation et de l’expansion territoriale dans les territoires palestiniens occupés, Smotrich s’oppose ouvertement à l’idée d’un État palestinien. Il est allé jusqu’à nier l’existence des Palestiniens en tant que peuple, provoquant l’indignation de plusieurs responsables politiques européens, dont les autorités françaises.
En mars dernier, lors d’une rencontre organisée par un groupuscule sioniste à Paris, Smotrich avait en effet affirmé : « Les Palestiniens n’existent pas comme peuple ». La France avait dénoncé ces propos comme étant « irresponsables », renforçant les critiques autour de sa potentielle présence dans l’Hexagone.
Les organisations de gauche françaises, parmi lesquelles France Palestine Solidarité, le MRAP, la LDH, la FIDH, la CGT, la FSU et Solidaires, ont fermement réagi, estimant qu’une telle venue représente une menace pour la cohésion sociale en France. Dans un communiqué publié jeudi dernier, ces organisations affirment : « Comment comprendre qu’il soit autorisé à appeler à la haine, à faire l’apologie d’actes criminels sur le territoire français […] à partir du moment où il sera autorisé à venir en France ? »
Un gala autorisé mais sous haute surveillance
Malgré la mobilisation de plusieurs organisations propalestiniennes qui ont saisi la justice pour tenter de faire interdire l’événement, la préfecture de police de Paris a confirmé l’autorisation du gala. Laurent Nuñez, préfet de police de Paris, a déclaré dimanche sur BFMTV que « ce gala réunit à peine quelques centaines de personnes et se tient chaque année ». Il a par ailleurs précisé que le ministre israélien Bezalel Smotrich ne ferait pas le déplacement, ajoutant : « Je comprends que finalement, il ne sera pas là ».
Face aux inquiétudes concernant les éventuels troubles à l’ordre public, Nuñez a assuré que l’événement se tiendrait dans un lieu adapté, avec des mesures de sécurité renforcées pour éviter tout débordement.
Manifestation parallèle et sécurité renforcée pour le match France-Israël
Le gala n’est pas le seul événement à risque cette semaine à Paris. Mercredi, des militants du Betar, un mouvement international de jeunesse juive sioniste, organiseront une manifestation à Paris en réponse aux récents incidents antisémites survenus à Amsterdam. Cette mobilisation, coordonnée avec le Mouvement des étudiants juifs de France (MEJF), sera également placée sous haute surveillance. Yigal Brand, président du Betar mondial, a déclaré dans un communiqué : « Nous sommes de fiers sionistes et n’avons pas à nous excuser […] Nous nous rassemblerons mercredi à Paris et jeudi au match de football ».
Le match France-Israël, prévu jeudi au Stade de France, a par ailleurs été qualifié de « haut risque » par les autorités françaises. Près de 4 000 policiers et gendarmes seront mobilisés pour assurer la sécurité des spectateurs.