- Les récentes opérations militaires d’Israël dans la bande de Gaza sont sévèrement critiquées par l’ONU et l’ONG Human Rights Watch, qui évoquent des pratiques de « génocide » et des « crimes de guerre ».
- Un rapport alarmant décrit des conditions de vie intenables pour les civils palestiniens, avec des déplacements forcés et des destructions massives d’infrastructures vitales.
Les méthodes de guerre employées par Israël dans la bande de Gaza sont « caractéristiques d’un génocide », affirme un comité spécial de l’ONU. Dans un rapport publié le 14 novembre, l’organe onusien chargé d’enquêter sur les pratiques israéliennes dans les territoires palestiniens occupés accuse Israël d’imposer des conditions de vie intenables aux civils palestiniens. Ce document sera présenté lundi à l’Assemblée générale de l’ONU.
Créé en 1968 pour documenter les atteintes aux droits humains dans les territoires palestiniens, ce comité spécial se penche sur les événements récents à Gaza, depuis l’attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023. Dans son rapport, le comité détaille les effets destructeurs des campagnes militaires d’Israël sur la population palestinienne, dénonçant un « siège meurtrier » accompagné d’obstructions répétées à l’aide humanitaire.
Le comité met en avant les « pertes civiles massives » et la détérioration des services essentiels à Gaza, une région sous blocus depuis plus de quinze ans. « Israël utilise la famine comme méthode de guerre et inflige une punition collective à la population palestinienne », peut-on lire dans le rapport. Ces conclusions font écho à de nombreuses critiques internationales qui s’inquiètent du nombre élevé de victimes civiles et de l’ampleur des destructions d’infrastructures vitales.
Des bombardements équivalents à deux bombes nucléaires
Le rapport de l’ONU accuse également Israël d’avoir décimé les infrastructures essentielles de Gaza, aggravant la crise humanitaire. Selon ses auteurs, jusqu’à février dernier, l’armée israélienne aurait largué plus de 25 000 tonnes d’explosifs dans la bande de Gaza, soit l’équivalent de deux bombes nucléaires.
Ces attaques auraient non seulement détruit des systèmes d’alimentation en eau, d’assainissement et de santé, mais aussi déclenché une crise environnementale majeure. « En contaminant l’environnement, Israël crée une série de crises sanitaires qui affecteront durablement les générations futures », souligne le rapport. Depuis le début de la guerre, plus de 43 700 Palestiniens auraient perdu la vie à Gaza, selon le ministère de la Santé, dirigé par le Hamas.
Human Rights Watch parle de « nettoyage ethnique » et de déplacements forcés
En parallèle, l’ONG Human Rights Watch (HRW) publiait le 14 novembre un rapport indépendant, où elle accuse Israël de commettre des « crimes de guerre » par le biais de déplacements forcés de population. Selon HRW, les ordres d’évacuation de l’armée israélienne à Gaza mènent à des déplacements permanents, qu’elle qualifie de « nettoyage ethnique ».
« Human Rights Watch a rassemblé des preuves selon lesquelles des responsables israéliens commettent le crime de guerre de transfert forcé de civils », affirme le rapport, basé sur des témoignages de Gazaouis, des images satellites et des données publiques. HRW dénonce l’établissement de zones tampons, telles que les corridors de Neztarim et Philadelphie, où des zones entières ont été « rasées et vidées » pour des raisons sécuritaires, empêchant les habitants d’y retourner.
Réaction des autorités israéliennes
De leur côté, les autorités israéliennes défendent leurs opérations militaires, affirmant que les ordres d’évacuation sont une mesure de précaution visant à protéger les civils. Elles invoquent des impératifs militaires et accusent le Hamas d’utiliser les civils comme « boucliers humains ». Cependant, Human Rights Watch souligne qu’Israël doit prouver, dans chaque cas, que ces déplacements sont conformes aux règles internationales et ne constituent pas des violations du droit humanitaire.
Un bilan humain et des perspectives alarmantes
Depuis le début de la guerre, environ 1,9 million de Gazaouis, sur une population totale estimée à 2,4 millions, ont été déplacés selon les chiffres de l’ONU. HRW décrit un scénario où certaines zones « restent en permanence vidées » des populations civiles, aggravant la situation humanitaire et renforçant l’isolement de Gaza.
La présentation officielle du rapport du comité de l’ONU, prévue lundi à New York, s’annonce cruciale pour le débat international. Les organisations de défense des droits humains demandent une intervention urgente pour protéger les civils et assurer le respect du droit humanitaire.