- Les partenaires sociaux ont trouvé un accord attendu sur la réforme de l’assurance chômage, marquant un compromis décisif pour les finances publiques et l’emploi des seniors.
- Ce nouvel accord, validé après d’intenses négociations, apporte des assouplissements notables, tout en visant à réaliser 2,3 milliards d’euros d’économies sur quatre ans.
Jeudi soir, syndicats et patronat ont finalement trouvé un terrain d’entente sur la réforme de l’assurance chômage. Au terme de discussions tendues, ils ont validé de nouvelles règles qui devraient marquer un tournant pour l’emploi des seniors et l’indemnisation des travailleurs frontaliers. Ce compromis, bien éloigné des propositions de l’ancien gouvernement, permettrait au régime d’assurance chômage de réaliser 2,3 milliards d’économies sur quatre ans.
« Nous avons réussi, au terme d’une négociation flash, à aboutir ce soir », a déclaré le représentant du Medef, Hubert Mongon, saluant un « accord majoritaire » même si certaines positions restent nuancées.
Accès simplifié à l’assurance chômage
Parmi les changements notables, l’assouplissement des conditions d’accès. Désormais, il suffira d’avoir travaillé cinq mois au cours des 24 dernierspour accéder à l’allocation chômage, contre six mois auparavant. Cette mesure, qui coûterait 440 millions d’euros à l’Unédic sur quatre ans, vise à élargir l’accès aux droits, en particulier pour les travailleurs précaires.
En contraste, Gabriel Attal, le ministre du Budget sous le précédent gouvernement, avait souhaité renforcer les critères, envisageant même d’allonger la durée de travail nécessaire pour ouvrir des droits. Cette orientation avait été dénoncée par les syndicats qui y voyaient une mesure punitive pour les plus fragiles.
Un allongement de l’indemnisation pour les seniors
Les seniors seront particulièrement impactés par le nouvel accord, qui introduit un assouplissement significatif de la durée d’indemnisation. Alors que l’ancien gouvernement envisageait de durcir ces règles, les partenaires sociaux ont choisi une approche plus favorable aux travailleurs âgés.
Ainsi, les personnes âgées de 55 à 57 ans pourront désormais bénéficier de 27 mois d’indemnisation, contre 22,5 mois auparavant. De leur côté, les 53-54 ans voient leur durée d’indemnisation allongée à 22,5 mois, une limite auparavant réservée aux 55-57 ans. Pour les moins de 55 ans, la durée maximale reste fixée à 18 mois.
Par ailleurs, une autre mesure notable concerne la dégressivité des allocations chômage pour les hauts revenus. Celle-ci ne s’appliquera plus qu’à partir de 55 ans, contre 57 ans jusqu’à présent. Cette disposition vise à mieux protéger les seniors, dont les perspectives de retrouver un emploi s’amenuisent souvent à partir de 50 ans
Pour alléger les charges patronales, les cotisations pour l’assurance chômage passeront de 4,05 % à 4 % du salaire brut à partir du 1er mai 2025. Ce réajustement, en réponse aux demandes pressantes de la ministre du Travail Astrid Panosyan-Bouvet, devrait coûter environ 1,5 milliard d’euros à l’Unédic sur quatre ans, mais vise à encourager l’embauche et alléger le poids des charges pour les employeurs.
Indemnisation révisée pour les frontaliers
L’accord modifie également le régime d’indemnisation des travailleurs frontaliers, une question sensible en raison du surcoût annuel de 800 millions d’euros qu’ils représentent pour l’assurance chômage. Le nouveau texte propose un coefficient d’ajustement en fonction des salaires étrangers perçus, une mesure qui devrait diminuer substantiellement leurs indemnités.
De plus, une redéfinition de la « notion d’offre raisonnable d’emploi » est demandée, afin que les frontaliers ne puissent plus refuser des postes aux standards de rémunération français, ce qui pourrait aboutir à une baisse des indemnités pour certains.
Un accord pour éviter l’intervention de l’État
Cet accord met fin à plusieurs mois de tensions entre syndicats, patronat et gouvernement. En s’accordant sur des règles assouplies mais économiquement viables, les partenaires sociaux espèrent garantir la pérennité du régime d’assurance chômage et apporter une réponse mesurée aux besoins des travailleurs et des entreprises.
Toutefois, si l’accord semble satisfaire la majorité des signataires, certains acteurs, notamment côté patronal, regrettent un manque d’équilibre dans les mesures. Éric Chevée de la CPME, se montre critique vis-à-vis des ajustements pour les seniors, qu’il estime trop généreux dans un contexte de finances publiques déjà fragiles.