- Face aux réquisitions du parquet dans le cadre du procès des assistants parlementaires du FN, Marine Le Pen et ses partisans ont vivement réagi.
- La cheffe de file Rassemblement national dénonce un « procès politique » et annonce son intention de faire appel si le tribunal suit les demandes de peine.
Le 13 novembre, le procès des assistants parlementaires des eurodéputés du Front national a pris un tournant décisif avec les réquisitions du parquet, particulièrement sévères à l’égard de Marine Le Pen. Le procureur a requis cinq ans de prison, dont deux fermes, ainsi qu’une peine d’inéligibilité de cinq ans, avec exécution provisoire. Si le tribunal suit ces réquisitions, l’actuelle présidente du Rassemblement national pourrait se voir privée de sa capacité à se présenter aux élections de 2027, même en cas d’appel. Une perspective qui inquiète ses partisans et qui a ravivé les accusations de « procès politique » lancées par les membres du RN.
Une réquisition jugée disproportionnée par la défense
Le procureur a expliqué que ces peines étaient justifiées par l’ampleur du système de détournement de fonds public mis en place par le FN, un système qu’il a décrit comme centralisé et orchestré par Jean-Marie Le Pen, puis par sa fille Marine. La réquisition d’une inéligibilité immédiate fait l’objet de vives critiques. Le RN a dénoncé ce qu’il considère comme une volonté d’éliminer politiquement son dirigeant. Jordan Bardella, président du parti, a fustigé les réquisitions, qu’il qualifie d’ »acharnement » et d’ »attaque contre la démocratie« . Pour lui, le parquet semble être guidé non par la justice, mais par un objectif politique clair : éliminer Marine Le Pen de la scène politique.
Le soutien de Gérald Darmanin et l’indignation des élus RN
Les réquisitions ont provoqué une vague de réactions parmi les soutiens de la leader du RN. Marine Le Pen elle-même a exprimé son incompréhension, prévenant qu’elle ferait appel si le tribunal suivait les demandes du parquet. Des voix s’étaient déjà élevées sur le banc de la défense, comme celle de Bruno Gollnisch, ancien eurodéputé, qui a dénoncé un dossier jugé « vide« , et de Jean-Philippe Tanguy, député RN, qui a qualifié les réquisitions de « complètement irrationnelles« .
Parallèlement, un soutien inattendu a émergé dans le camp politique. Gérald Darmanin, ancien ministre de l’Intérieur, a pris la parole sur les réseaux sociaux pour exprimer son désaveu quant à la demande d’inéligibilité. « Il serait profondément choquant« , a-t-il estimé, « que Marine Le Pen soit empêchée de se présenter aux suffrages des Français« . Un soutien surprenant, venant d’un homme politique qui a souvent été en opposition avec le RN, mais qui juge cette sanction disproportionnée.
Des réquisitions jugées « cohérentes » par l’avocat Patrick Maisonneuve
De son côté, Patrick Maisonneuve, avocat et expert en droit pénal, défend la ligne du procureur. Selon lui, les réquisitions sont « cohérentes« , car elles répondent à des faits d’une grande gravité, notamment le détournement de fonds publics pour financer des emplois fictifs. L’avocat a rappelé que l’inéligibilité est une peine prévue par la loi pour ce type d’infraction, précisant que l’exécution provisoire, loin d’être exceptionnelle, est une mesure classique dans ce genre d’affaires. Il a aussi ironisé sur l’hypocrisie du RN, qui demande régulièrement des peines sévères contre des infractions mineures, mais qui s’en prend violemment lorsqu’il s’agit de ses propres responsables politiques.
Un procès aux enjeux politiques majeurs
Ce procès ne se contente pas d’être un simple règlement judiciaire. Il est devenu un enjeu politique majeur. Si Marine Le Pen est condamnée, les conséquences pourraient être lourdes non seulement pour sa carrière, mais aussi pour le futur du Rassemblement national. L’exclusion de la scène politique à l’approche de l’élection présidentielle de 2027 serait un coup dur pour le parti d’extrême droite, qui devra alors se préparer à un avenir sans sa figure emblématique.
Les membres du RN ont d’ores et déjà annoncé qu’ils interpréteraient une telle décision comme une tentative de délégitimer leur rôle d’opposants. Une condamnation pourrait, selon eux, renforcer leur soutien auprès de l’électorat, particulièrement dans un contexte où les critiques contre la justice et les institutions sont de plus en plus fréquentes.
Un procès aux répercussions incertaines
En attendant le verdict, prévu dans les semaines à venir, ce procès continue de cristalliser les tensions entre justice et politique. Le RN maintient sa position de défense, dénonçant un acharnement judiciaire, tandis que l’avocat Patrick Maisonneuve rappelle que la légalité des réquisitions n’est pas en cause. La question demeure : au-delà des peines demandées, quelles seront les répercussions politiques de cette affaire, et comment Marine Le Pen et le Rassemblement national navigueront-ils dans les eaux troubles de cette procédure judiciaire ? Affaire à suivre !