- Le 21 novembre, les cheminots seront en grève pour protester contre la liquidation de Fret SNCF, un projet controversé qui menace, selon les syndicats, la pérennité du rail public en France.
- Face à cette contestation, le président de la SNCF, Jean-Pierre Farandou, appelle au dialogue et met en garde contre une grève prolongée en décembre.
Le jeudi 21 novembre, les cheminots seront en grève pour protester contre la liquidation de Fret SNCF, une filiale de transport de marchandises de la SNCF, qui doit être scindée en deux entités. À l’appel des syndicats CGT, Unsa, Sud et CFDT, cette mobilisation vise à préserver la continuité de l’entreprise publique.
Un « tour de chauffe » avant des actions plus marquées
Qualifiée de « tour de chauffe » par les syndicats, cette grève s’inscrit dans un contexte social tendu. Ils dénoncent une décision qu’ils considèrent comme un « choix du pire » pour le ferroviaire français. « L’urgence climatique impose le développement du ferroviaire », rappellent-ils dans un communiqué commun, redoutant que cette scission ne fragilise l’ensemble du secteur.
Les cheminots ne cachent pas leur détermination : s’ils n’obtiennent pas satisfaction, ils se disent prêts à intensifier la mobilisation, avec des grèves possibles dès le mois de décembre.
Farandou : « Restez du côté des Français »
De son côté, Jean-Pierre Farandou, président de la SNCF, a exhorté les cheminots à éviter une confrontation prolongée qui pénaliserait les voyageurs, notamment pendant les fêtes de fin d’année. « Les Français ne comprendraient pas une grève longue et dure en décembre pour des questions de salaire. Ils ne comprendraient pas de ne pas pouvoir rejoindre leur famille pour fêter Noël », a-t-il déclaré dans une interview à Tribune dimanche publiée ce 17 novembre.
S’adressant directement à ses équipes, il a salué leur engagement passé : « Vous avez été engagés auprès des Français pendant les Jeux olympiques et paralympiques. Après les actes de sabotage de juillet, vous leur avez montré votre capacité à redresser le réseau en un week-end. Vous avez aussi été au rendez-vous, pendant le Covid, pour faire rouler des trains dans des conditions difficiles et assurer des acheminements sanitaires. »
Des augmentations de salaire au cœur du débat
La question salariale demeure une pierre d’achoppement entre la direction et les syndicats. Jean-Pierre Farandou a tenu à rappeler que la SNCF avait consenti des efforts significatifs : « Ces trois dernières années, nous avons protégé les salaires au-delà de l’inflation. Les rémunérations des cheminots ont progressé en moyenne de 17 % entre 2022 et 2024, et même de 21 % pour les bas salaires. »
Ces chiffres peinent toutefois à convaincre. Les syndicats estiment que les augmentations ne reflètent pas la contribution des cheminots dans un contexte de forte inflation et de bons résultats financiers de l’entreprise.
Un secteur en pleine mutation
Le dossier de Fret SNCF s’inscrit dans un contexte économique et écologique plus large. Farandou a dressé un parallèle avec « la situation économique compliquée » de la France, marquée par des plans sociaux et des emplois menacés dans plusieurs secteurs. Il en appelle « au sens des responsabilités des cheminots » pour ne pas aggraver les difficultés des Français.
En parallèle, le patron de la SNCF s’est félicité des excellents résultats commerciaux de l’entreprise. Pour les vacances de février, plus de 1,3 million de billets ont été vendus en 24 heures, un record. « Il s’agit de la troisième journée la plus importante en nombre de billets vendus depuis le lancement de SNCF Connect », a-t-il souligné, évoquant un « succès incroyable ».
Des tensions qui pourraient s’intensifier
Toutefois, cette bonne dynamique pourrait être fragilisée par une nouvelle augmentation des prix des billets envisagée en 2025. « Rien n’est décidé, mais nos coûts augmentent. Il faut bien en répercuter une partie sur les prix… », a reconnu Farandou. Une annonce qui pourrait alimenter le mécontentement des voyageurs et compliquer davantage les relations avec les cheminots.
