Le 106e Congrès de l’Association des maires de France (AMF) s’ouvre ce mardi à Paris dans un climat tendu, marqué par les revendications des élus locaux face aux nouvelles restrictions budgétaires imposées par l’État.
C’est un rendez-vous attendu mais chargé de tensions qui s’ouvre ce mardi à Paris. Le 106e Congrès de l’Association des maires de France (AMF) accueille pendant trois jours des milliers d’élus locaux venus échanger, débattre, mais surtout exprimer leur ras-le-bol face aux restrictions budgétaires imposées par l’État. Entre revendications fermes et gestes d’apaisement de la part du gouvernement, les discussions s’annoncent animées.
Des collectivités sous pression financière
Le ton est donné : les maires ne comptent pas se laisser faire face aux 5 milliards d’euros d’économies demandés par l’exécutif. Pour David Lisnard, président de l’AMF, ces coupes budgétaires sont inacceptables. « À chaque fois, l’État vient piocher pour alimenter son déficit », dénonce le maire (LR) de Cannes, invité lundi matin de Public Sénat. Une colère partagée par de nombreux élus qui peinent déjà à maintenir leurs services publics dans un contexte de flambée des coûts.
Dimanche, le président du Sénat, Gérard Larcher, a proposé de réduire cet effort à 2 milliards d’euros. Une solution intermédiaire qui sera débattue cette semaine au Sénat, alors que le projet de loi de finances continue de cristalliser les oppositions. « Il ne faut pas de punition collective », martèle David Lisnard.
Un « Congrès de la colère » sous haute tension
Ce rendez-vous annuel, présenté comme une grande célébration des communes, se transforme cette année en « Congrès de la colère ». André Laignel, vice-président de l’AMF, n’a pas mâché ses mots en évoquant l’exaspération des élus, nourrie par des injonctions contradictoires de l’État et une bureaucratie envahissante.
Mardi, une action symbolique dans le hall principal du Parc des Expositions traduira cette frustration collective. Une déclaration succincte mais percutante sera affichée pour marquer les esprits. Ce n’est pas tout : mercredi, les maires manifesteront également leur soutien au monde agricole, en partenariat avec la FNSEA et les Jeunes Agriculteurs. « Le lien entre le monde agricole et les municipalités est profond », souligne David Lisnard, rappelant que les deux secteurs partagent une même lassitude face à la bureaucratie.
Gouvernement : entre fermeté et gestes d’apaisement
Face à cette fronde locale, le gouvernement tente de désamorcer la crise. Michel Barnier, le Premier ministre, se rendra au Congrès jeudi, où il promet de « limiter la casse ». Quant à Catherine Vautrin, ministre de la Décentralisation et ancienne présidente de l’AMF, elle multiplie les déclarations conciliantes. « Les élus locaux ne sont pas responsables de la situation budgétaire du pays », a-t-elle affirmé dans Le Figaro. Une petite phrase destinée à marquer sa différence avec le ton souvent plus abrupt de Bruno Le Maire.
Au-delà des débats sur les budgets locaux, David Lisnard, invité de la matinale de Public Sénat ce lundi appelle à une réflexion plus large sur les dépenses publiques nationales. « Attaquons-nous à la performance de la dépense publique », propose-t-il, critiquant les choix budgétaires opérés par l’État avant l’élection présidentielle de 2022. Une critique dirigée contre une gestion qu’il qualifie de « n’importe quoi qu’il en coûte ».
Cette ambition d’une réforme en profondeur rencontre cependant peu d’échos du côté de l’exécutif, focalisé sur les ajustements à court terme. Pour les élus locaux, ces trois jours de Congrès seront l’occasion d’exiger des réponses concrètes et pérennes.
Le 106e Congrès de l’AMF ne sera pas qu’un simple échange d’idées. C’est une démonstration de force que les maires veulent organiser pour faire entendre leurs revendications. Dans un contexte économique tendu, leurs attentes sont claires : stopper l’hémorragie budgétaire et redonner aux collectivités les moyens de répondre aux besoins des citoyens. Reste à voir si le gouvernement saura entendre cet appel ou s’il persistera dans une logique de restriction, quitte à alimenter un mécontentement déjà à son comble.