Face aux défis du secteur, le ministère de l’Agriculture se dote pour 2025 d’un budget de 2279 millions de dinars, visant à garantir la sécurité alimentaire et hydrique.
Avec une augmentation de 3 % par rapport à l’exercice précédent, le budget 2025 marque une étape importante dans le développement durable et la résilience de l’agriculture tunisienne.
L’Assemblée des représentants du peuple (ARP) et le Conseil national des régions et des districts (CNRD) ont entamé l’examen du budget 2025 du ministère de l’Agriculture. Avec une enveloppe globale de 2279 millions de dinars, soit une augmentation de 3 % par rapport à l’exercice précédent, le ministère ambitionne de relever les défis climatiques et structurels tout en renforçant la sécurité alimentaire du pays.
Une répartition budgétaire équilibrée
Le ministre de l’Agriculture, Ezzeddine Ben Cheikh, a détaillé la répartition des ressources financières prévues pour 2025. Une enveloppe de 702 millions de dinars sera consacrée aux dépenses salariales, tandis que 41,9 millions de dinars couvriront les frais de gestion. Par ailleurs, 867 millions de dinars seront alloués aux dépenses d’intervention, et 667 millions de dinars seront dédiés aux investissements, soulignant ainsi l’importance de moderniser le secteur agricole tout en répondant aux besoins opérationnels.
Parmi les programmes phares, l’eau occupe une place prépondérante avec 37 % du budget, soit 850,7 millions de dinars. Le ministère prévoit de lancer plusieurs projets hydrauliques, notamment l’achèvement du méga-barrage supérieur de Mellègue et la construction du barrage de Tessa. De plus, 300 kilomètres de réseaux vétustes seront réhabilités afin de limiter les pertes.
Des priorités : défis hydriques et sécurité alimentaire
Avec cinq années consécutives de sécheresse et une baisse significative des réserves des barrages, la gestion de l’eau est devenue un enjeu national. Le ministère ambitionne d’augmenter la capacité de mobilisation des ressources en eau à 95 %, contre 92 % actuellement, et d’exploiter davantage les eaux non conventionnelles pour compenser le déficit. « Nous devons transformer nos défis hydriques en opportunités de résilience et d’innovation », a déclaré le ministre.
Le programme de production agricole, qualité et contrôle sanitaire, représentant 465 millions de dinars (20 % du budget), vise à améliorer la productivité des principales filières agricoles, notamment les dattes et les agrumes. Une attention particulière sera également accordée à l’agriculture biologique, au développement du tourisme écologique et à la lutte contre les effets des changements climatiques.
Soutenir le secteur de la pêche, valoriser les écosystèmes forestiers
Souvent négligé, le secteur de la pêche bénéficiera d’une enveloppe de 143 millions de dinars en 2025. Ce financement vise à renforcer la régulation et la durabilité de cette activité à travers plusieurs mesures clés, notamment la lutte contre la pêche illégale, connue sous le nom de kys, l’inventaire des ressources halieutiques, ainsi que l’instauration d’une réglementation stricte pour encadrer la profession et préserver les écosystèmes marins. Le ministère prévoit aussi de renforcer le secteur de l’aquaculture pour diversifier les sources alimentaires et dynamiser l’économie maritime.
Avec 371 millions de dinars affectés au programme forestier, le ministère entend préserver le couvert pastoral et forestier, tout en soutenant les partenariats public-privé et l’entrepreneuriat local. Ces initiatives devraient contribuer à améliorer les fonctions économiques des forêts et à favoriser la création d’emplois.
Plan stratégique à l’horizon 2035
Le ministre a présenté les grandes lignes du plan stratégique agricole prévu à l’horizon 2035, qui s’articule autour de trois objectifs majeurs. Ce plan ambitionne de renforcer la sécurité alimentaire et hydrique, de moderniser les systèmes agricoles pour les rendre plus performants, et d’accroître la résilience du secteur face aux effets des changements climatiques, afin d’assurer une agriculture durable et adaptée aux défis de demain. Cependant, malgré le rôle clé de l’agriculture dans le PIB (10 %), le financement bancaire du secteur reste limité à 7 %, un problème que le ministère entend résoudre pour garantir un meilleur soutien aux agriculteurs.
Ezzeddine Ben Cheikh a salué la résistance du secteur agricole face aux défis des dernières années, tout en appelant à une transformation structurelle. « Ce budget marque une étape cruciale dans notre quête d’une agriculture durable et inclusive », a-t-il affirmé.