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lundi, décembre 9, 2024
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Manifestations agricoles : des actions coup de poing pour un revenu décent

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  • La colère des agriculteurs monte d’un cran : entre blocages du fret alimentaire et rassemblements, le monde agricole français se mobilise contre l’accord Mercosur.
  • Face à des revenus insuffisants, des distorsions de concurrence et des promesses non tenues, les agriculteurs redoublent d’efforts pour faire entendre leur voix.

La colère gronde dans le monde agricole français. Les agriculteurs se mobilisent massivement contre le projet d’accord commercial entre l’Union européenne et le Mercosur, perçu comme une menace pour leurs exploitations. Alors que les réponses du gouvernement se font attendre, deux stratégies syndicales se dessinent : une approche radicale menée par la Coordination rurale (CR) et une position plus modérée défendue par la FNSEA et les Jeunes agriculteurs (JA).

Blocage du fret alimentaire : une stratégie offensive

À l’initiative de la Coordination rurale, des blocages ciblés du fret alimentaire ont commencé dès mardi. L’objectif : paralyser le transport de marchandises pour alerter sur la situation critique des agriculteurs et forcer le gouvernement à réagir.

« Nous allons intensifier les points de blocage et les manifestations », a déclaré Karine Duc, membre de la CR dans le Lot-et-Garonne. Sa réaction fait écho à l’évacuation musclée de représentants agricoles de la préfecture d’Agen. « Cette fin de non-recevoir et cette absence totale de réponse, c’est totalement insupportable », a-t-elle ajouté, déterminée à poursuivre la lutte malgré les obstacles. « Ce n’est pas parce qu’il y a eu une défaite que le combat est terminé. »

À l’initiative de la Coordination rurale, des blocages ciblés du fret alimentaire ont commencé dès mardi.(photo extraite d’une vidéo)

François Turpeau, vice-président de la chambre d’agriculture de la Vienne, partage cette détermination. Au micro de franceinfo, il affirme : « En début d’année, on a bloqué des routes, c’est tout ce qu’on a fait. On est allés à Rungis. Mais cette fois, on ira plus loin. »

Ces actions sont également motivées par l’approche des élections professionnelles agricoles prévues en janvier. Lors de son congrès annuel au Futuroscope, la CR a clairement affiché son ambition : concurrencer le leadership historique de la FNSEA dans les chambres d’agriculture.

Une approche modérée pour la FNSEA et les JA

De leur côté, la FNSEA et les Jeunes agriculteurs adoptent une stratégie plus mesurée, privilégiant les rassemblements sans blocage. « Nous serons à nouveau sur le terrain dès la semaine prochaine pour dénoncer les entraves à l’agriculture », a annoncé Arnaud Rousseau, président de la FNSEA à franceinfo.

Cependant, le syndicat insiste sur le respect des biens et des personnes. « Ce que l’agriculteur attend de nous, c’est qu’on soit intraitables sur les résultats qu’on va chercher », a-t-il déclaré. Pour lui, les discours ne suffisent plus : « Tout ça doit se concrétiser dans nos cours de ferme. »

Les agriculteurs pointent également du doigt les promesses inachevées du gouvernement. Si certaines aides ont été débloquées après la crise de l’hiver dernier, beaucoup estiment que l’essentiel reste à faire.

Parmi les revendications principales de la FNSEA figure la défense de l’utilisation de l’acétamipride, un pesticide interdit en France mais autorisé au niveau européen. « Une véritable distorsion de concurrence », a dénoncé Arnaud Rousseau. Il a aussi fustigé une approche écologiste qu’il juge contre-productive : « Arrêter la production en France pour importer d’ailleurs, ça ne fait pas avancer la France. »

Une colère alimentée par des promesses non tenues

Les agriculteurs pointent également du doigt les promesses inachevées du gouvernement. Si certaines aides ont été débloquées après la crise de l’hiver dernier, beaucoup estiment que l’essentiel reste à faire. « On a obtenu un tiers, il y a deux tiers à aller chercher », a insisté Arnaud Rousseau, citant l’exemple des prêts de trésorerie toujours inaccessibles aux exploitants.

Face à la montée des tensions, la ministre de l’Agriculture, Annie Genevard, a dénoncé les « actes de dégradation » et les blocages à la frontière espagnole initiés par la Coordination rurale. Elle a mis en garde contre le risque d’éroder le soutien de la population : « Ces comportements risquent d’entamer la sympathie des Français envers les agriculteurs. »

Si les syndicats adoptent des méthodes différentes, tous s’accordent sur une chose : l’urgence d’un revenu décent et de politiques agricoles cohérentes.

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