- À la veille de la clôture de la COP29, les négociations sur le financement climatique des pays en développement sont dans une impasse.
- Les discussions visent à déterminer comment financer les 1 000 milliards de dollars par an nécessaires pour aider les nations vulnérables à lutter contre le dérèglement climatique, mais les divergences persistent.
À la veille de la fin de la COP29, les négociations sur le financement climatique des pays en développement sont toujours dans l’impasse. Alors que le monde attend des décisions concrètes, les discussions sur la mise en place d’un financement annuel de 1 000 milliards de dollars pour aider les nations vulnérables à lutter contre le dérèglement climatique peinent à aboutir. Le texte provisoire publié par la présidence azerbaïdjanaise tente de résumer les positions divergentes des pays présents à Bakou, mais force est de constater que l’écart reste considérable.
Un texte provisoire aux positions contradictoires
Dans un document de dix pages diffusé ce jeudi matin, la présidence de la COP29 a exposé les différentes propositions sur la table concernant le nouvel objectif financier à atteindre d’ici 2030, voire 2035. Mais ce texte a déjà fait naître de vives réactions. Selon Joe Thwaites, de l’ONG NRDC, « le texte caricature les positions des pays développés et en développement ». Il ajoute : « La présidence doit proposer une 3e option pour les concilier ». Une analyse partagée par d’autres experts, qui pointent l’absence de chiffrage précis, notamment du côté des pays riches.
Les pays en développement réclament plus
Le texte provisoire ne précise pas le montant exact que les pays riches devraient verser. Cependant, il s’inscrit dans la continuité des exigences des pays en développement, qui demandent une augmentation significative des fonds alloués. La première option du document réclame que les pays riches, soit les 23 nations obligées de contribuer selon la convention de l’ONU, financent des montants bien supérieurs aux 100 milliards de dollars par an promis pour la période 2020-2025. L’option envisagée parle de « X milliers de milliards de dollars » par an, sans donner de chiffre précis, mais surtout sous forme de dons, et non de prêts.
Cette proposition est jugée irréaliste par les pays riches, notamment en période de resserrement budgétaire mondial. « L’absence de chiffrage pour les pays riches est une insulte aux millions de gens sur le front du changement climatique », a réagi Jasper Inventor, chef de la délégation de Greenpeace International à Bakou. Un sentiment partagé par plusieurs autres délégués qui dénoncent le manque de propositions concrètes et de solutions claires pour avancer.
Le financement privé et les nouveaux contributeurs : des points de friction
Les pays développés, de leur côté, insistent sur l’importance d’associer l’argent public à des sources de financement privées, comme des fonds d’investissement ou des taxes mondiales (par exemple, sur l’aviation ou le commerce maritime). Ils réclament également que des pays comme la Chine, le Qatar, la Corée du Sud, ou encore Singapour contribuent de manière plus transparente au financement climatique, bien qu’ils ne soient pas actuellement soumis aux mêmes obligations en vertu des accords de l’ONU.
Les États-Unis et l’Europe, en particulier, soulignent la responsabilité historique des grandes économies industrielles dans le réchauffement climatique et estiment que les pays émergents doivent eux aussi participer activement à l’effort financier global. Mais, pour l’instant, aucune proposition concrète n’a émergé d’une discussion plus large sur l’élargissement des contributeurs.
Des propositions chiffrées qui varient selon les pays
L’objectif de 1 000 milliards de dollars par an semble difficile à atteindre si l’on en croit les dernières discussions. Lors de la séance plénière de jeudi, le ministre australien Chris Bowen a indiqué avoir entendu différentes propositions pour le chiffrage de l’aide publique des pays riches : « Nous avons entendu différentes propositions pour le chiffrage, de 900 milliards, 600 milliards et 440 milliards », a-t-il déclaré. Ces montants sont bien inférieurs à celui réclamé par les pays en développement, qui exigent un total de 1 300 milliards de dollars annuels pour financer des projets d’adaptation et de transition énergétique, comme la construction de digues, le déploiement de panneaux solaires ou la fermeture des centrales à charbon.
Pourtant, la question demeure : combien les pays riches sont-ils prêts à contribuer ? Les négociateurs ne semblent pas encore prêts à s’engager sur un chiffre, et l’absence de consensus sur la répartition des responsabilités complique encore les négociations.
La COP29 au bord de l’échec ?
À moins d’une avancée décisive dans les dernières heures de la conférence, la COP29 risque de se solder par un échec sur la question du financement climatique. Les pays en développement continuent de se battre pour obtenir les fonds nécessaires pour faire face à l’impact du changement climatique, tandis que les pays riches hésitent à accroître leurs engagements. « L’absence de proposition conciliatrice et de chiffres laisse encore un énorme travail à accomplir aux négociateurs dans les deux prochains jours », a commenté Rob Moore, du centre de réflexion E3G.
L’issue des négociations semble incertaine, mais l’enjeu est de taille. Si aucun compromis n’est trouvé, ce sont les populations les plus vulnérables qui pourraient payer le prix fort, en voyant leurs projets de transition et d’adaptation bloqués faute de financement.