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Budget 2024 : Marine Le Pen menace de déposer une motion de censure contre le gouvernement

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  • Alors que les débats sur le budget de l’État battent leur plein, Marine Le Pen intensifie la pression sur le gouvernement, menaçant de déposer une motion de censure si les mesures économiques affectent davantage le pouvoir d’achat des Français.
  • Une situation qui pourrait conduire à une confrontation politique décisive entre le Rassemblement national et l’exécutif.

Mercredi 20 novembre, Marine Le Pen a franchi un nouveau seuil dans son opposition au gouvernement. Sur RTL, la cheffe de file des députés du Rassemblement national (RN) a annoncé que son groupe n’hésiterait pas à déposer une motion de censure si le pouvoir d’achat des Français venait encore à être affecté par les mesures budgétaires. « Nous n’accepterons pas que le pouvoir d’achat des Français soit encore amputé dans la situation qu’ils connaissent aujourd’hui. C’est une ligne rouge. Si elle est dépassée, alors nous voterons la censure », a-t-elle affirmé.

Cette menace survient dans un contexte où le gouvernement de Michel Barnier entend utiliser l’article 49.3 pour faire adopter le budget sans vote. Cette procédure, souvent perçue comme un passage en force, est au cœur des tensions actuelles, et le RN semble bien décidé à mettre la pression sur l’exécutif.

« Ce gouvernement prend la route de la censure »

Pour Jordan Bardella, président du RN, l’affaire est entendue : « Ce gouvernement prend la route de la censure« , a-t-il répété sur RMC, en qualifiant le projet de budget de « dérision » et d’ »aberration« . Le RN a d’ores et déjà commencé à manœuvrer pour se positionner comme un acteur central du débat budgétaire, en vue de l’adoption finale du texte, prévue après le passage du projet au Sénat en décembre.

Philippe Olivier, un proche de Marine Le Pen, est plus direct : « C’est devenu inévitable« , a-t-il confié au Monde le 19 novembre, se montrant ainsi prêt à passer à l’action. Un cadre du groupe RN, interrogé fin octobre par franceinfo, expliquait également le ras-le-bol du parti face à un gouvernement qui, selon lui, « a pourri le débat » et « a légitimé l’usage du 49.3« . Le sentiment d’impuissance est palpable dans les rangs du RN, où certains estiment que l’exécutif refuse de prendre en compte leurs demandes. « Ils ne reprennent rien de notre budget, il n’y a pas de dialogue », expliquait ce responsable.

La question des retraites et des taxes sur l’électricité

Le RN a également concentré ses attaques sur des mesures spécifiques du budget, telles que la hausse des taxes sur l’électricité. Cette proposition, destinée à dégager trois milliards d’euros, a été rejetée en première lecture par l’Assemblée nationale, mais elle pourrait revenir au Sénat. Marine Le Pen a exprimé sa vive opposition à cette mesure : « Taper sur les retraités, c’est inadmissible« , a-t-elle déclaré. Cette opposition s’ajoute à celle concernant le projet de gel partiel des revalorisations des pensions de retraite pendant six mois, un sujet qui a suscité de vives critiques au sein de l’opposition.

Si le gouvernement a partiellement revu sa copie sur les retraites, en revalorisant dès janvier 2024 la moitié de l’inflation pour les pensions inférieures au SMIC, le RN reste sur ses gardes. « Nous n’avons pas été entendus« , dénoncent ses représentants, qui jugent insuffisantes les concessions faites par l’exécutif.

Une opposition divisée sur la motion de censure

La menace de censure du RN se place dans un contexte politique complexe, où l’opposition est loin d’être unie. Jean-Luc Mélenchon, leader des Insoumis, a annoncé dimanche sur France 3 qu’une motion de censure serait déposée par la gauche entre le 15 et le 21 décembre, une période critique pour le gouvernement. Toutefois, pour que cette motion soit adoptée, les députés RN devront y apporter leur soutien, ce qui représenterait un tournant décisif. À l’Assemblée, 289 voix sont nécessaires pour renverser le gouvernement, et les 124 députés du RN pourraient bien jouer un rôle décisif.

Pourtant, certains experts estiment que le RN ne prendra pas le risque de faire tomber l’exécutif. Selon Prisca Thevenot, députée Ensemble pour la République (ex-Renaissance), la menace de censure n’est qu’un « moyen de pression » pour négocier et mettre en scène un rapport de force : « Les députés RN ne voteront jamais la censure, ils sont dans un enjeu de respectabilité, donc ils n’ont aucun intérêt à faire tomber le gouvernement », a-t-elle déclaré sur franceinfo.

L’ombre d’un procès judiciaire

Cette montée en pression politique survient dans un climat tendu, marqué par des procédures judiciaires qui visent Marine Le Pen. Le 13 novembre, le procureur de la République a requis cinq ans de prison, dont deux fermes, ainsi que cinq ans d’inéligibilité contre la présidente du RN, dans l’affaire des assistants parlementaires européens. Le jugement est attendu début 2025, et Marine Le Pen a d’ores et déjà annoncé son intention de faire appel en cas de condamnation. Cette affaire pourrait fragiliser sa position politique, alors qu’elle prépare déjà sa candidature pour l’élection présidentielle de 2027.

 

 

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