Adoptée par 216 voix contre 119, cette nouvelle ‘contribution de solidarité’, inscrite dans le projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2025, suscite autant de soutien que d’indignation au sein du paysage politique français.
Dans la nuit de mercredi à jeudi, les sénateurs ont donné leur feu vert à une mesure qui fait grand bruit : instaurer une contribution de solidarité obligeant les salariés à effectuer sept heures de travail gratuit par an. Ce dispositif, adopté dans le cadre du Projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) pour 2025, vise à récolter 2,5 milliards d’euros pour soutenir le secteur de l’autonomie, un enjeu central dans une France vieillissante. Mais cette décision divise profondément.
Une adoption majoritaire au Sénat
Le vote, organisé mercredi soir, a rassemblé 216 voix en faveur de cette proposition contre 119 oppositions. Si le gouvernement n’a pas directement porté la mesure, il s’est montré ouvert à l’idée. Marc Ferracci, ministre de l’Industrie, a qualifié la piste d’ »intéressante », tout en appelant à « une nécessaire négociation avec les partenaires sociaux » pour en définir les contours.
« Nous devons trouver des ressources pour combler les déficits publics », a-t-il insisté. Cependant, tous au sein de l’exécutif ne partagent cet enthousiasme. Michel Barnier s’est montré « très réservé », dénonçant une initiative qui revient à « faire travailler les gens sans les rémunérer ».
Une réponse à la crise du vieillissement
Pour Élisabeth Doineau, sénatrice centriste à l’origine de la mesure, cette contribution de solidarité est un mal nécessaire. « Nous ne faisons pas cette proposition de gaieté de cœur », a-t-elle déclaré lors des débats. Selon elle, le financement du « mur du grand âge« , de la transformation des Ehpad et du virage domiciliaire impose des sacrifices.
Les sept heures supplémentaires, étalées sur une année, seraient, selon ses partisans, un effort limité mais indispensable pour soutenir une population vieillissante qui exerce une pression croissante sur les finances publiques.
Une opposition virulente
La mesure, portée par la majorité sénatoriale de droite, a toutefois suscité une opposition farouche des groupes de gauche. « Je vous propose qu’on supprime les 35 heures, qu’on enlève une semaine de congés payés, qu’on revienne aux 48 heures ! », a ironisé Monique Lubin, sénatrice socialiste.
Cathy Apourceau-Poly, pour le groupe communiste, a plaidé pour une alternative visant les détenteurs de capitaux : « Pourquoi ne pas instaurer une journée de solidarité sur les dividendes pour faire payer les actionnaires ? »
Dans les rangs écologistes, la colère est également palpable. Sandrine Rousseau a dénoncé sur franceinfo une « fausse solidarité« , affirmant que « faire travailler ceux qui travaillent déjà gratuitement » est une mesure injuste. Sur le réseau social X (anciennement Twitter), Antoine Léaument, député LFI, n’a pas hésité à parler d’ »esclavage« .
Si elle a passé l’étape du Sénat, la contribution de solidarité devra encore survivre à la Commission mixte paritaire, où députés et sénateurs devront s’accorder sur le texte final. Les opposants entendent mobiliser, et le gouvernement reste prudent quant à sa mise en œuvre.
Au-delà des débats politiques, la mesure pose une question sociétale de fond : jusqu’où peut-on demander aux salariés de contribuer, alors même que la crise sociale reste vive après la réforme des retraites ?