La Cour pénale internationale (CPI) a frappé fort. Le 21 novembre, l’institution basée à La Haye a annoncé avoir émis trois mandats d’arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, l’ancien ministre de la Défense Yoav Gallant, et Mohammed Deif, chef de la branche armée du Hamas.
Ces accusations, dévoilées après des mois d’enquête, visent des crimes contre l’humanité et des crimes de guerre commis dans un contexte d’escalade de la violence sans précédent au Moyen-Orient.
Selon le communiqué de la CPI, Netanyahu et Gallant sont accusés d’avoir autorisé ou orchestré des attaques ciblant des civils dans la bande de Gaza entre octobre 2023 et mai 2024, une période marquée par des bombardements intensifs. Mohammed Deif, lui, est présenté comme le cerveau de plusieurs attaques violentes, en tant que dirigeant militaire du Hamas.
« La Chambre a émis ces mandats pour crimes contre l’humanité et crimes de guerre, notamment en lien avec des attaques intentionnelles contre des populations civiles », a précisé la CPI.
Les chiffres glaçants publiés par le ministère de la Santé gazaoui renforcent la gravité des accusations : plus de 44 000 morts et 104 000 blessés ont été recensés dans la bande de Gaza depuis octobre 2023.
Des mandats sous haute tension
Initialement tenus secrets pour protéger les témoins et garantir l’intégrité des enquêtes, ces mandats mettent en lumière les complexités du droit international. En Israël, les réactions ont été immédiates et virulentes.
Le ministre des Affaires étrangères, Israël Katz, a dénoncé un « déshonneur historique » et accusé la CPI de biaiser ses enquêtes pour s’attaquer à Israël. Gideon Saar, autre figure politique de premier plan, a qualifié la Cour d’outil manipulé par des « intérêts extrémistes ».
De son côté, le Hamas, bien que visé par le mandat contre Deif, a rejeté les accusations, affirmant qu’il s’agissait d’une tentative d’assimiler « la victime au bourreau ».
Une exécution incertaine
La question cruciale reste l’exécution de ces mandats. Sans force de police propre, la CPI dépend des États signataires du Statut de Rome pour les appliquer. Mais Israël n’a jamais ratifié ce traité, limitant fortement les chances d’arrestation de Netanyahu ou Gallant, à moins qu’ils ne se rendent dans un pays coopérant avec la CPI.
Concernant, Mohammed Deif, Israël affirme l’avoir éliminé lors d’une frappe aérienne en juillet 2024, mais cette déclaration n’a pas été confirmée par le Hamas, ni par la CPI, qui continue d’enquêter sur son rôle présumé dans les violences.
Cette initiative de la CPI, menée sous l’égide du procureur général Karim Khan, constitue un rappel puissant : même face à des adversités juridiques et politiques, la justice internationale reste un outil clé pour responsabiliser les acteurs de conflits.
Si l’issue de ces mandats reste incertaine, leur symbolique est lourde de sens dans un contexte où les droits humains continuent d’être bafoués dans la région. Pour de nombreuses victimes du conflit, ces démarches incarnent un espoir de reconnaissance et de justice.