- Sur fond d’incertitude politique, Joe Biden multiplie les annonces pour sécuriser les avancées climatiques de son administration.
- À la COP29 ou au cœur de l’Amazonie, le président américain défend son bilan et engage les États-Unis dans une transition énergétique irréversible.
Alors que son mandat touche à sa fin, Joe Biden intensifie ses efforts pour sécuriser son bilan climatique. Entre mesures nationales, engagements financiers et participation active aux négociations internationales, le président sortant tente de solidifier l’engagement des États-Unis face à un avenir politique incertain.
Depuis Bakou, en Azerbaïdjan, où se tient la COP29 jusqu’à ce vendredi 22 novembre, l’administration américaine s’est montrée particulièrement active. L’enjeu pour Washington ? Maintenir son rôle de leader dans les négociations climatiques internationales, quelles que soient les prochaines orientations politiques. Un objectif ambitieux, dans un contexte où Donald Trump, candidat républicain déclaré pour 2024, promet de déconstruire plusieurs piliers de l’action climatique de Biden.
Un message fort depuis l’Amazonie
Dimanche dernier, Joe Biden a frappé fort avec une visite symbolique en Amazonie brésilienne, à Manaus. Depuis le cœur de la plus grande forêt tropicale du monde, le président a réaffirmé son engagement en faveur de l’environnement et défendu son bilan.
« Certains tenteront peut-être de nier ou de retarder la révolution de l’énergie propre en cours en Amérique. Mais personne ne peut faire marche arrière là-dessus », a-t-il déclaré, visant indirectement son potentiel successeur républicain.
Au-delà des mots, des actes : Biden a annoncé le doublement de la contribution américaine au Fonds Amazonie, passant à 100 millions de dollars. Ce fonds soutient des projets de préservation de la forêt, essentielle dans la lutte contre le changement climatique. En parallèle, les États-Unis ont confirmé avoir atteint leur objectif de 11 milliards de dollars d’aide bilatérale pour 2024, se félicitant d’être « le plus grand bailleur bilatéral au monde en matière de finance climatique ».
Cette posture, toutefois, n’échappe pas aux critiques. Friederike Röder, experte de l’ONG Global Citizen, tempère : « Aucun État ne devrait se vanter d’être le plus grand bailleur bilatéral. C’est la contribution totale qui compte, et les États-Unis n’ont jamais atteint leur ‘juste part’. »
Légiférer vite pour éviter les reculs
À Washington, l’administration Biden accélère également la mise en œuvre de ses politiques climatiques. Parmi elles, une nouvelle réglementation sur les fuites de méthane, récemment finalisée par l’Agence de protection de l’environnement (EPA). Inscrite dans l’Inflation Reduction Act (IRA), cette règle vise à limiter l’impact climatique des infrastructures pétrolières et gazières.
D’autres dossiers avancent, notamment les mesures contre les produits chimiques toxiques et les projets d’interdiction progressive des véhicules à combustion en Californie d’ici 2035. Ces politiques, pensées pour être juridiquement solides, visent à résister aux tentatives de démantèlement par une éventuelle administration républicaine.
« Le département de l’Intérieur a fait un très bon travail pour que pas grand-chose ne risque d’être renvoyé à la prochaine administration », se félicite Aaron Weiss, directeur adjoint du Center for Western Priorities.
Une posture internationale renforcée
Sur la scène internationale, l’administration Biden cherche également à verrouiller des accords durables. Cette semaine, des discussions se sont tenues à l’OCDE sur l’arrêt des subventions publiques aux industries fossiles, une mesure à laquelle Washington s’était jusqu’ici opposé.
Selon Oil Change International, un éventuel accord pourrait se révéler contraignant : il ne pourrait être modifié que par un consensus des pays signataires, rendant son démantèlement difficile, même sous une administration hostile.
L’ombre de Trump sur le bilan de Biden
Les efforts de Joe Biden s’inscrivent dans un climat politique tendu. Donald Trump, lors de sa campagne, a promis d’annuler plusieurs mesures phares de l’IRA, notamment les fonds non dépensés pour la transition énergétique et le moratoire sur les terminaux d’exportation de gaz naturel liquéfié.
Malgré tout, l’administration actuelle reste confiante. Michael Regan, administrateur de l’EPA, assure que les travaux menés sous la présidence de Biden « résisteront à l’épreuve du temps ».
Joe Biden joue la carte de l’urgence pour inscrire durablement son action climatique dans l’héritage politique américain. Mais l’avenir de ces avancées dépendra en grande partie du prochain locataire de la Maison-Blanche. Si ses mesures tiennent, elles pourraient consolider la place des États-Unis en tant que leader mondial dans la lutte contre le changement climatique. Si elles vacillent, ce sera un retour à la case départ pour une planète déjà à bout de souffle.