- Alors que la cadence des frappes israéliennes s’accélère au Liban, les bilans humains et matériels s’alourdissent.
- Entre destructions massives et tensions internes croissantes, le Liban semble au bord de l’effondrement.
Dans la nuit du vendredi 22 novembre au samedi 23 novembre, Beyrouth et ses environs ont été secoués par des frappes aériennes israéliennes d’une intensité inédite, touchant des zones civiles et stratégiques.
Au petit matin, le quartier de Basta, en plein cœur de la capitale libanaise, portait les stigmates de frappes particulièrement destructrices. Six missiles perforants ont creusé des cratères de huit mètres de profondeur, détruisant un bâtiment de huit étages et endommageant gravement des dizaines d’autres structures. Les secouristes, à la recherche de victimes sous les décombres, font état de quatre morts et 23 blessés, selon un communiqué du ministère libanais de la Santé.
Des témoins décrivent une nuit cauchemardesque où les explosions ont fait trembler les murs dans toute la ville. « On aurait dit un tremblement de terre », raconte un habitant du quartier. Les déflagrations ont brisé les vitres dans un rayon de 300 mètres, plongeant les habitants dans une angoisse profonde.
Cibles stratégiques ou civiles ?
Israël affirme avoir visé des centres de commandement du Hezbollah, notamment dans les banlieues sud de Beyrouth et la région de Tyr. Les noms de Talal Hamiyyé, un haut responsable militaire, et de Mohammad Haïdar, un ancien député et leader présumé des opérations au sud du Liban, circulent parmi les hypothèses sur les cibles de ces frappes. Cependant, le Hezbollah n’a pour l’instant fait aucun commentaire officiel.
Dans le sud du Liban, où Israël multiplie les incursions terrestres depuis le 30 septembre, les habitants ont été sommés d’évacuer plusieurs villages, dont Deir Mimas, où des drones israéliens ont survolé la zone pour avertir les rares résidents restés sur place. L’armée libanaise rapporte également de violents affrontements dans la ville de Khiam, où le Hezbollah revendique des attaques contre les forces israéliennes.
Le Liban en crise humanitaire
Au-delà des pertes humaines, le Liban est confronté à une crise existentielle. La destruction d’infrastructures civiles, combinée à des déplacements massifs de populations fuyant le sud du pays, met une pression immense sur les ressources limitées de la capitale.
Jean-Yves Le Drian, envoyé spécial du président Emmanuel Macron au Liban, a tiré la sonnette d’alarme jeudi sur France Inter. « Le Liban est aujourd’hui un pays en danger de mort », a-t-il déclaré, alertant sur une possible dislocation du pays et des tensions internes croissantes. « Il faut tout faire pour éviter une guerre civile », a-t-il insisté.
Un cessez-le-feu toujours hors de portée
Malgré les efforts diplomatiques de l’émissaire américain Amos Hochstein, venu à Beyrouth en début de semaine pour plaider en faveur d’un cessez-le-feu, la situation reste bloquée. Les bombardements israéliens se sont intensifiés à son départ, signe d’une escalade calculée.
L’ancien ministre français des Affaires étrangères se montre pessimiste sur l’issue du conflit. « Nous sommes partis dans une guerre perpétuelle », déplore Jean-Yves Le Drian, critiquant la « logique de guerre » de Benyamin Netanyahou.
Alors que les explosions continuent de secouer le sud de Beyrouth et que les appels internationaux au calme restent lettre morte, le Liban semble plus vulnérable que jamais. La population, déjà ébranlée par une crise économique sans précédent, fait face à une nouvelle tragédie.
Dans ce climat de guerre, la perspective d’un apaisement paraît s’éloigner. En attendant, ce sont les civils, piégés entre les raids aériens et la peur d’un effondrement généralisé, qui paient le plus lourd tribut.