Samedi, à deux jours de la Journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes, des milliers de personnes ont défilé dans toute la France pour réclamer des actions concrètes et un sursaut face à un fléau qui persiste. À Paris, Marseille, Lille et dans d’autres villes, les cortèges ont réuni des femmes, des hommes et des associations pour dire stop aux violences sexistes et sexuelles.
Une mobilisation nationale
Portée par plus de 400 organisations et personnalités, cette mobilisation a pris une ampleur particulière cette année, dans un contexte marqué par le procès des viols de Mazan. Cette affaire judiciaire, d’une gravité exceptionnelle, a secoué l’opinion publique et donné une résonance encore plus forte aux appels à agir.
À Paris, les rues ont été envahies par plusieurs milliers de manifestants, portant des pancartes et scandant des slogans puissants. À Marseille, quelque 800 personnes, selon la préfecture, se sont rassemblées sur le Vieux-Port avec des messages comme « Brisons la loi du silence, la honte change de camp ». À Lille, une ambiance festive mais tout aussi militante a animé les rues, avec une manifestation dansante sur des airs de Beyoncé ou Aretha Franklin.
Des mesures existantes mais insuffisantes
Depuis 2017, des initiatives ont été mises en place pour lutter contre les violences, comme le numéro d’urgence 3919, les téléphones grave danger ou encore les bracelets anti-rapprochement. Ces dispositifs, bien que salués, sont jugés largement insuffisants par les associations féministes.
« Ce n’est qu’un début, mais cela ne suffit pas », expliquent des militantes du collectif #NousToutes, qui réclament un budget de 2,6 milliards d’euros par an pour une prise en charge complète des victimes, une amélioration des enquêtes et un renforcement des structures d’accueil. À cela s’ajoute la demande d’une loi-cadre intégrale pour mettre fin à une législation actuelle jugée « morcelée et incomplète ».
Selon les autorités, 94 féminicides ont été recensés depuis le début de l’année 2024. Un chiffre contesté par des associations, comme #NousToutes, qui dénombrent 134 femmes tuées en raison de leur genre sur la même période. Cet écart souligne les limites des méthodes de suivi et l’urgence d’un renforcement des dispositifs statistiques.
Des annonces attendues
Conscient de la pression exercée par les mobilisations, le gouvernement promet des annonces pour le 25 novembre. La secrétaire d’État chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes, Salima Saa, a évoqué des mesures pour améliorer l’accueil des victimes, notamment en milieu rural, et renforcer la formation des professionnels de première ligne.
Pour les manifestants, il est impératif que ces promesses se traduisent rapidement en actions concrètes. Les slogans et les revendications portés samedi expriment une colère collective face à un sentiment d’abandon de la part des pouvoirs publics.
L’écho des figures controversées
Au-delà des revendications politiques, plusieurs pancartes faisaient référence à des personnalités publiques accusées de violences ou de comportements problématiques. À Paris, on pouvait lire : « J’accuse l’homme, j’emmerde l’artiste », visant directement Gérard Depardieu. À Lille, des manifestants ont évoqué les révélations sur l’abbé Pierre, récemment publiées par la Fondation qui porte son nom. Ces exemples montrent que la mobilisation dépasse la sphère judiciaire pour toucher la société dans son ensemble.
Les associations espèrent que cette mobilisation massive marquera un tournant. Elles rappellent que, pour être efficace, la lutte contre les violences faites aux femmes nécessite des moyens conséquents, un engagement politique fort et une prise de conscience collective.
Si le gouvernement entend répondre aux attentes, les manifestants préviennent qu’ils resteront vigilants : « On ne lâchera rien tant qu’il n’y aura pas de résultats. »