Après treize mois de violences transfrontalières et deux mois de guerre ouverte, un cessez-le-feu est entré en vigueur ce mercredi 27 novembre à 4 heures du matin entre l’armée israélienne et le Hezbollah. Un accord négocié sous l’égide des États-Unis et de la France, qui marque une étape cruciale, mais encore incertaine, dans la quête d’une stabilité durable dans la région.
Une trêve après un an de violences meurtrières
Depuis l’automne 2022, le sud du Liban et le nord d’Israël étaient le théâtre de tensions croissantes entre l’armée israélienne et le Hezbollah, milice libanaise pro-iranienne. L’escalade a atteint son paroxysme après les attaques du 7 octobre en Israël et le pilonnage intensif de Gaza, auquel le Hezbollah a déclaré répondre par solidarité avec le Hamas.
Le bilan humain est lourd. Côté libanais, 3 823 morts et des centaines de milliers de déplacés. En Israël, les affrontements ont coûté la vie à 120 personnes, dont 47 civils. Des dizaines de milliers de résidents du nord ont dû fuir leurs foyers, laissant derrière eux des zones largement dévastées.
Les clés de l’accord : une sécurité sous surveillance
L’accord, qui actualise la résolution 1701 du Conseil de sécurité de l’ONU adoptée après le conflit de 2006, fixe des engagements précis pour instaurer un climat de sécurité durable. Il prévoit un retrait progressif des forces, avec l’obligation pour les combattants du Hezbollah de quitter le sud du Liban afin que l’armée libanaise, soutenue par les Casques bleus de la FINUL, prenne le contrôle de la région.
Simultanément, Israël dispose de 60 jours pour retirer ses troupes des zones frontalières. L’accord impose également un encadrement strict des armements, en confiant au gouvernement libanais la supervision de la production et de la circulation des armes, tout en exigeant le démantèlement des infrastructures militaires non conformes. Enfin, un comité de suivi, approuvé par les deux parties, sera chargé de surveiller l’application de ces mesures, tandis que Paris et Washington se portent garants du respect de la trêve.
Des réactions mitigées sur le terrain
Si la communauté internationale salue une percée diplomatique, la méfiance reste palpable. Mardi soir, le président américain Joe Biden a souligné que cet accord représente une « opportunité » pour un arrêt durable des hostilités, mais qu’un « travail considérable » reste à faire pour en garantir la pérennité.
L’armée israélienne a toutefois averti les habitants du sud du Liban de ne pas revenir prématurément dans leurs villages. « Il est interdit de s’approcher des zones où nous sommes encore déployés », a déclaré un porte-parole militaire israélien dans un message diffusé sur X (anciennement Twitter).
Dans son discours, le Premier ministre libanais Najib Mikati a exhorté Israël à respecter ses engagements et à se retirer rapidement des zones occupées. Mais, pour nombre d’observateurs, la question de l’influence du Hezbollah reste un obstacle majeur.
« Le Hezbollah a été affaibli par ce conflit, mais il conserve sa capacité de blocage », analyse Karim Emile Bitar, professeur de relations internationales à Beyrouth au micro de franceinfo. Selon lui, la souveraineté du Liban reste compromise tant que la milice pro-iranienne joue un rôle militaire et politique prépondérant.
Une paix encore fragile
Pour les habitants des deux côtés de la frontière, cette trêve apporte un répit bienvenu. Dès l’aube, des familles du sud du Liban et de la plaine de la Bekaa ont commencé à regagner leurs villages, malgré les mises en garde israéliennes.
Mais la route vers une paix durable est semée d’embûches. Emmanuel Macron a rappelé que la restauration de la souveraineté libanaise passe impérativement par l’élection d’un président, une question en suspens depuis des mois. « La réussite de cet accord dépend des autorités libanaises et de leur capacité à surmonter leurs divisions politiques », a déclaré le chef de l’État français dans un message vidéo.
Une victoire diplomatique à confirmer
Le cessez-le-feu du 27 novembre est une étape importante, mais loin d’être une solution définitive. Washington et Paris, artisans de cet accord, se retrouvent à nouveau en première ligne pour garantir sa mise en œuvre. La région, quant à elle, retient son souffle, dans l’espoir que ce fragile compromis ouvre enfin la voie à une paix durable.