Le rejet de l’accord commercial entre l’Union européenne et les pays du Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay, Paraguay) s’est confirmé ce mercredi 27 novembre, après que les sénateurs français ont voté massivement contre le traité. À l’image de l’Assemblée nationale la veille, il n’y a eu aucune surprise concernant l’issue du scrutin : 338 voix contre une seule en faveur du rejet.
Cette décision marque une nouvelle étape dans l’opposition grandissante des parlementaires français à cet accord, particulièrement controversé au sein du monde agricole. Tous les groupes politiques, sans exception, se sont unis pour manifester leur désaveu face à un traité qui soulève des inquiétudes concernant la concurrence déloyale pour les agriculteurs européens.
Un rejet symbolique, mais porteur de poids
Si le vote des sénateurs n’a aucune valeur contraignante, il revêt une grande importance politique. En vertu de l’article 50-1 de la Constitution, le gouvernement a demandé aux députés et aux sénateurs de se prononcer sur l’accord, mais sans pouvoir contraindre l’exécutif. Toutefois, ce rejet marqué de l’accord par les parlementaires français renforce le « mandat démocratique» de l’exécutif, comme l’a souligné Sophie Primas, ministre du Commerce extérieur. Selon elle, cette position claire de la France donnera davantage de poids à sa voix au sein des négociations européennes, en particulier pour convaincre la Commission européenne de revoir sa position sur le traité.
Le bras de fer continue en Europe
Bien que ce vote représente une victoire symbolique pour les opposants à l’accord, il reste une bataille à mener au niveau européen. Pour bloquer définitivement le traité, il faudra convaincre au moins trois autres pays représentant 35 % de la population de l’UE de s’y opposer. La Pologne s’est déjà rangée du côté de la France, invoquant des préoccupations similaires concernant l’impact du traité sur ses agriculteurs et sur la sécurité alimentaire du pays. D’autres États européens pourraient emboîter le pas, alimentant ainsi l’espoir de parvenir à une minorité de blocage.
Les agriculteurs en première ligne
Si le Parlement français se mobilise contre l’accord, les agriculteurs français ne sont pas en reste. Depuis plusieurs semaines, des manifestations ont lieu un peu partout en France. Le 26 novembre, à Strasbourg, des dizaines de tracteurs ont convergé vers le Parlement européen pour protester contre l’accord. Bien qu’ils aient été repoussés par les forces de l’ordre, les manifestants ont exprimé leurs inquiétudes face à la concurrence accrue des produits agricoles en provenance d’Amérique du Sud. Pour eux, cet accord menace directement leur modèle agricole, notamment dans les secteurs de la viande, du soja et du sucre.
Un traité contesté pour ses effets environnementaux et sociaux
Au cœur de la polémique, l’impact sur l’agriculture européenne, mais aussi les préoccupations environnementales. L’UE prévoit de réduire les tarifs douaniers pour permettre une plus grande ouverture du marché européen aux produits du Mercosur. Cela pourrait entraîner une augmentation des importations de produits agricoles, souvent produits selon des normes environnementales et sociales moins strictes que celles en vigueur en Europe. La question de la déforestation en Amazonie, notamment, reste un point de friction majeur, et les détracteurs de l’accord dénoncent un traité qui ne ferait pas assez pour protéger l’environnement.