Le procès de Marine Le Pen, leader du Rassemblement national (RN), s’est achevé ce mercredi 27 novembre 2024, après plusieurs semaines de débats intenses. Les juges rendront leur décision le 31 mars 2025 à 10 heures. Cette affaire, portant sur des soupçons d’emplois fictifs d’assistants parlementaires européens, a suscité de vives réactions, tant sur le plan judiciaire que politique.
Des réquisitions : cinq ans de prison, amende et inéligibilité
Le 13 novembre, le parquet avait requis une peine de cinq ans de prison, dont deux fermes aménageables, ainsi qu’une amende de 300 000 euros à l’encontre de Marine Le Pen. Mais c’est surtout la demande de peine d’inéligibilité, avec exécution provisoire, qui a marqué les esprits. Les procureurs ont détaillé, pendant près de dix heures, les éléments accablants selon eux : pendant plus de dix ans, le Front national (devenu Rassemblement national) aurait utilisé des emplois fictifs pour financer sa propagande et son développement à hauteur de plus de 4 millions d’euros. Une fraude qui, selon le parquet, a eu des conséquences néfastes sur la vie démocratique.
De son côté, l’avocat de Marine Le Pen, Rodolphe Bosselut, a souligné que celle-ci ne contestait pas la réalité des faits, mais remettait en cause leur qualification pénale. Selon lui, les pratiques parlementaires en question n’ont rien d’illégal, et il a insisté sur le fait qu’il n’y a pas eu de détournement des fonds publics. Il a également évoqué l’idée de « récidive » uniquement si la justice cherchait à interdire à sa cliente de se présenter à la présidentielle, suggérant que la souveraineté populaire, et non la justice, devrait trancher sur son avenir politique.
L’inéligibilité, point central du débat
Le débat autour de l’inéligibilité de Marine Le Pen est au cœur des enjeux de ce procès. Si la peine était prononcée, elle pourrait interdire à la présidente du RN de se présenter à une future élection, notamment la présidentielle de 2027. Cette possibilité est au centre des préoccupations des soutiens de Marine Le Pen, qui dénoncent ce qu’ils considèrent comme une « instrumentalisation de la justice« . À la sortie du tribunal, la dirigeante du RN a exprimé son « espoir que les arguments avancés au cours de ce procès soient pris en compte », ajoutant que ce dernier représente pour elle « une forme de souffrance« .
Le verdict du tribunal est désormais attendu pour le 31 mars 2025. Les juges devront trancher sur les accusations portées contre Marine Le Pen et ses co-prévenus. En fonction de leur décision, ce procès pourrait avoir des répercussions majeures, tant sur la carrière politique de la députée européenne que sur la crédibilité du Rassemblement national.
Au-delà des enjeux judiciaires, ce procès s’inscrit dans un contexte politique tendu. Marine Le Pen, qui a déjà été élue à la tête du RN et s’est imposée comme une figure incontournable de l’extrême droite en France, voit dans ce procès une tentative de fragiliser son mouvement. Si le tribunal venait à la condamner, cela pourrait remettre en question sa capacité à jouer un rôle central dans les prochaines élections présidentielles.
En attendant la décision du tribunal, Marine Le Pen et ses soutiens continuent de dénoncer ce qu’ils considèrent comme une chasse à la sorcière. « Ce procès est un exemple de la manière dont la justice est utilisée pour tenter de déstabiliser le RN« , a-t-elle déclaré à la presse. De son côté, le parquet maintient que l’ampleur des faits justifie les réquisitions, soulignant qu’il s’agit d’une question de préservation de l’intégrité des institutions démocratiques.