Patrick Stefanini, haut fonctionnaire et spécialiste des questions migratoires, a été nommé le vendredi 29 novembre représentant spécial du ministre de l’Intérieur sur l’immigration. L’annonce, faite par la place Beauvau, marque un nouveau tournant dans la stratégie du gouvernement face à une pression croissante sur les politiques migratoires.
Ancien secrétaire général du ministère de l’Immigration entre 2008 et 2009, sous la présidence de Nicolas Sarkozy, Patrick Stefanini est un connaisseur de ces problématiques complexes. Son rôle, comme l’a précisé le ministère de l’Intérieur dans un communiqué, sera de se concentrer « principalement sur le renforcement du dispositif de réadmission des personnes en situation irrégulière ».
Un alignement stratégique avec Bruno Retailleau
La nomination de Patrick Stefanini intervient alors que le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, fait face à une opposition politique exacerbée. En négociation avec le Rassemblement National pour éviter la censure de textes budgétaires, voire la destitution du Premier ministre, le gouvernement mise sur une posture ferme en matière d’immigration.
Stefanini partage avec Retailleau une vision claire sur ces enjeux, notamment sur la signature et la renégociation d’accords bilatéraux. Ces derniers visent à faciliter le renvoi des migrants en situation irrégulière vers des pays d’origine ou de transit.
Des accords pour contourner les blocages juridiques
Un des objectifs majeurs est de surmonter les limitations actuelles : il est interdit, en vertu de la Convention de Genève, de renvoyer une personne vers un pays où sa vie serait menacée, ou si elle risque des « traitements inhumains ou dégradants ». L’approche défendue par Stefanini consiste à transférer ces personnes vers un pays de transit sécurisé, une mesure qu’il juge « novatrice et inventive », comme il l’avait déclaré à L’Opinion en octobre dernier.
Cette stratégie a déjà été mise en pratique avec la signature d’un accord avec le Kazakhstan début novembre, un précédent que la place Beauvau considère comme une réussite.
Une mission hautement politique
La lettre de mission de Patrick Stefanini vise à donner des gages à l’aile droite de la majorité, mais également à apaiser les tensions avec l’opposition. « Cette nomination s’inscrit dans une volonté ferme du ministre de l’Intérieur de lutter pour une meilleure maîtrise des flux migratoires et de renforcer la sécurité des Français », a souligné le ministère.
Par ailleurs, l’ancien préfet devra travailler à conclure de nouveaux accords bilatéraux avec des pays sources d’immigration. Ces négociations s’annoncent délicates, mais elles sont jugées essentielles par le gouvernement pour répondre à la crise migratoire.
La nomination de Patrick Stefanini s’inscrit dans une dynamique de durcissement des politiques migratoires, alors que les enjeux de sécurité restent au cœur du débat public. La tâche s’annonce difficile, mais Stefanini déclare être prêt à relever le défi. Pour lui, cette démarche représente une véritable chance pour la France de reprendre le contrôle de ses frontières tout en respectant ses engagements internationaux.