L’agence de notation américaine S&P Global Ratings a décidé de maintenir la note souveraine de la France à « AA-« , accompagnée d’une perspective « stable« . Une annonce qui, si elle ne marque pas une amélioration, vient saluer les efforts du gouvernement pour contenir le déficit public dans un contexte de forte pression politique.
Une stabilité sous conditions
Dans un communiqué publié vendredi, S&P a justifié sa décision par les avancées budgétaires réalisées par la France. L’agence estime que, malgré les tensions politiques, le pays devrait parvenir à respecter le cadre budgétaire européen, même si des retards sont à prévoir.
« Malgré l’incertitude politique, nous nous attendons à ce que la France consolide progressivement ses finances publiques à moyen terme », souligne le document. Ce maintien à « AA-« , après la dégradation subie en mai dernier, reflète toutefois une prudence face à des risques persistants.
Pour rappel, en mai 2023, S&P avait abaissé la note française de « AA » à « AA-« , invoquant une dette publique croissante et des défis structurels. Aujourd’hui, l’agence reconnaît les efforts du gouvernement pour inverser cette tendance, tout en alertant sur l’instabilité politique qui pourrait fragiliser cette dynamique.
Une satisfaction mesurée
Le ministre de l’Économie, Antoine Armand, s’est montré optimiste à l’annonce de S&P. « Cette décision témoigne du crédit accordé au gouvernement pour réduire le déficit et redresser nos finances publiques », a-t-il réagi dans une déclaration transmise à la presse.
Cependant, le ministre n’a pas éludé les réserves émises par l’agence, notamment concernant les tensions politiques actuelles. « L’agence souligne toutefois le risque associé à l’incertitude politique, qui pourrait compromettre cette trajectoire », a-t-il ajouté.
Le maintien de la note intervient dans un contexte particulièrement délicat pour l’exécutif. Minoritaire à l’Assemblée nationale, le gouvernement fait face à une menace de motion de censure qui pourrait être déclenchée dès la semaine prochaine, en pleine discussion sur le budget 2024.
Le défi budgétaire
Le Premier ministre Michel Barnier a, de son côté, rappelé cette semaine l’importance de tenir le cap des réformes budgétaires. Après un déficit attendu à 6,1 % du PIB en 2024, l’objectif affiché est de le ramener à environ 5 % en 2025. Une trajectoire ambitieuse, validée par Bruxelles, vise un retour sous la barre des 3 % en 2029.
Pour y parvenir, le projet de budget initial prévoyait un effort de 60 milliards d’euros d’économies à l’horizon 2025. Mais face aux compromis politiques nécessaires pour éviter un blocage parlementaire, des ajustements ont déjà été opérés, réduisant les marges de manœuvre du gouvernement.
Un contexte fragile
La décision de S&P intervient à un moment critique. Les débats sur le budget 2024 s’intensifient, et les compromis arrachés par le gouvernement pour éviter une motion de censure alimentent les critiques sur sa capacité à maintenir une trajectoire budgétaire crédible.
Si l’instabilité politique venait à s’aggraver, l’agence n’exclut pas une révision de la note dans les mois à venir. « Toute remise en cause de la trajectoire budgétaire pourrait fragiliser la position financière de la France », avertit S&P.
Une bataille sur plusieurs fronts
Pour l’exécutif, ce maintien à « AA- » constitue un répit, mais pas une victoire. La pression reste forte, tant au niveau national qu’européen, pour démontrer que la France peut conjuguer réformes budgétaires et stabilité politique. À l’heure où les compromis sont de rigueur, le moindre faux pas pourrait coûter cher.