- Le fragile accord de cessez-le-feu entre Israël et le Liban est déjà mis à rude épreuve.
- Les récentes violations israéliennes compromettent la reconstruction du sud du Liban et soulèvent des interrogations sur l’avenir des accords signés sous médiation internationale.
Malgré l’entrée en vigueur d’un accord de cessez-le-feu, les violations israéliennes se poursuivent au Liban, compromettant les efforts de stabilisation dans le sud du pays. Samedi matin, un drone israélien a pris pour cible un véhicule dans la région de Tyr, tandis que plusieurs obus ont touché la localité de Khiam, située à proximité de la frontière orientale.
Selon un communiqué du ministère libanais de la Santé, trois civils, dont un enfant de sept ans, ont été blessés lors de l’attaque à Majdal Zoun. Dans le même temps, l’armée israélienne a revendiqué des frappes aériennes sur des « infrastructures militaires » utilisées par le Hezbollah pour le transfert d’armes de Syrie au Liban. Ces actions interviennent après seulement quelques jours de trêve, marquant une escalade dans une région déjà fragilisée par des mois de conflit.
Une interprétation controversée de l’accord
L’accord de cessez-le-feu, négocié sous l’égide des États-Unis et de la France, prévoyait le retrait progressif de l’armée israélienne du sud du Liban dans un délai de soixante jours. En contrepartie, le Hezbollah devait se repositionner au nord du fleuve Litani et démanteler ses infrastructures militaires dans la région frontalière.
Cependant, Israël invoque une annexe de cet accord – non reconnue par Beyrouth – pour justifier ses opérations militaires. Cette annexe, signée avec les États-Unis, offrirait à Israël des garanties sécuritaires supplémentaires, y compris une liberté d’action contre les « menaces imminentes« . Pour le Liban, cette interprétation constitue une violation flagrante de sa souveraineté nationale.
Les tensions sur le terrain
Dans la nuit de vendredi à samedi, les forces israéliennes ont tiré des fusées éclairantes et des rafales de mitrailleuses sur plusieurs localités libanaises, tandis que des drones continuaient de survoler la région. Ces actions renforcent la méfiance des populations locales et compliquent le déploiement de l’armée libanaise, chargé de stabiliser le sud du pays.
Le chef de l’armée libanaise, Joseph Aoun, a fait part de ses inquiétudes à l’officier américain en charge du comité de supervision de l’accord. Ce dernier, arrivé vendredi à Beyrouth, a promis d’aborder la question avec Israël. Mais sur le terrain, la situation reste tendue, alimentée par une méfiance croissante envers les intentions israéliennes.
Cette instabilité a également des conséquences sur l’aviation civile. L’Agence européenne de sécurité aérienne (AESA) a prolongé ses recommandations aux compagnies aériennes d’éviter de survoler l’Iran et le Liban, tout en instaurant une surveillance accrue lors des vols dans l’espace aérien israélien.
Par ailleurs, la communauté internationale observe avec inquiétude la reprise des hostilités. Les initiatives diplomatiques peinent à apaiser une région où chaque incident pourrait faire basculer la situation dans un conflit ouvert.
Un équilibre fragile
Les violations israéliennes du cessez-le-feu entravent le retour des déplacés et retardent tout effort visant à normaliser la vie quotidienne des populations de la région. Les termes de l’accord, déjà fragiles, risquent d’être remis en cause si ces incidents se poursuivent sans médiation efficace.
Pour de nombreux observateurs, un dialogue direct entre Israël et le Liban sous l’égide de la communauté internationale reste primordial pour éviter une nouvelle escalade. Mais sur le terrain, la réalité semble s’éloigner chaque jour un peu plus de la paix espérée.