C’est une première depuis 2011. Alep échappe au contrôle du régime de Bachar al-Assad. Selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), les rebelles ont progressé rapidement grâce à une coordination efficace et à la désorganisation des forces loyalistes. Les troupes du régime, soutenues par la Russie et l’Iran, n’ont pas pu contenir cette offensive fulgurante qui a causé la mort de plus de 370 personnes en seulement quelques jours.
Le président syrien a réagi en promettant de « briser et éliminer le terrorisme » par la force. « Le terrorisme ne comprend que le langage de la force, et c’est avec ce langage que nous le briserons », a-t-il déclaré lors d’un appel téléphonique avec un responsable d’Abkhazie, une région prorusse de Géorgie.
Une offensive qui redistribue les cartes
Lancée mercredi dernier, cette offensive est menée par Hayat Tahrir al-Cham (HTS), un groupe islamiste dominé par l’ex-branche syrienne d’Al-Qaïda, et des factions rebelles soutenues par la Turquie. Les insurgés ont également étendu leur contrôle à des dizaines de localités stratégiques dans les provinces voisines d’Idleb et de Hama, sans rencontrer de résistance significative.
D’après l’OSDH, les quartiers kurdes d’Alep restent pour l’instant épargnés, ces derniers étant sous la protection des Unités de protection du peuple (YPG), principale composante des Forces démocratiques syriennes (FDS) soutenues par les États-Unis.
Les civils, premières victimes des frappes aériennes
Alors que les rebelles consolidaient leurs positions à Alep, les aviations russe et syrienne ont intensifié leurs frappes sur le nord-ouest du pays. À Idleb, huit civils, dont deux enfants, ont été tués dans un raid russe qui a également blessé une cinquantaine de personnes dans un camp de déplacés.
Ce regain de violence illustre la précarité de la situation pour les populations civiles, déjà durement éprouvées par plus d’une décennie de guerre.
Un équilibre fragile entre puissances étrangères
La chute d’Alep souligne aussi les tensions croissantes entre les différents acteurs régionaux et internationaux impliqués dans le conflit syrien.
La Turquie, principal soutien de certains groupes rebelles, a dénoncé vendredi les frappes aériennes russes et syriennes sur Idleb, appelant à leur cessation immédiate. De son côté, l’Iran a réaffirmé son soutien au régime syrien, appelant à une coordination accrue avec Moscou pour contrer cette nouvelle menace.
Dans ce contexte, la Maison Blanche a estimé que le régime syrien paie le prix de « son refus de s’engager dans un dialogue politique » et de sa « dépendance à la Russie et à l’Iran ».
Un conflit qui s’enlise dans la complexité
Le nord-ouest de la Syrie, où se déroulent actuellement les combats, illustre la fragmentation du pays en zones d’influence. Outre les rebelles islamistes, les Kurdes contrôlent de vastes territoires dans le nord-est, tandis que le régime conserve son emprise sur les grandes villes et le littoral méditerranéen, qualifiés de « Syrie utile« .
À Alep, cette offensive marque un revers majeur pour Bachar al-Assad, mais elle ne garantit pas pour autant une victoire durable des rebelles. La région reste un champ de bataille où se mêlent enjeux locaux et rivalités géopolitiques entre puissances étrangères.
Une trêve illusoire
Malgré l’instauration d’un cessez-le-feu en 2020, parrainé par Moscou et Ankara, les hostilités n’ont jamais réellement cessé dans le nord-ouest de la Syrie. L’offensive actuelle pourrait relancer un cycle de violences encore plus intense, avec des conséquences dramatiques pour les civils.
Pour les habitants d’Alep et des régions voisines, l’avenir reste incertain, pris entre la guerre, les déplacements forcés et l’absence de solutions politiques durables.
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