Ce dimanche 1er décembre, Carlos Tavares, directeur général du géant automobile Stellantis, né de la fusion entre PSA et Fiat Chrysler, a annoncé sa démission avec effet immédiat. Une décision inattendue qui intervient un an avant la fin de son mandat, initialement prévu pour début 2026.
Le conseil d’administration, présidé par John Elkann, a validé ce départ lors d’une réunion exceptionnelle. Une divergence de « points de vue » entre Tavares et le conseil serait à l’origine de ce retrait, comme l’a expliqué Henri de Castries, administrateur du groupe.
Un départ prémédité ou une rupture soudaine ?
Bien que la démission puisse surprendre, certains signes avant-coureurs étaient visibles. Dès septembre, Stellantis avait lancé un processus de succession pour son directeur général, anticipant une éventuelle transition. À l’époque, le groupe avait minimisé l’importance de cette initiative, affirmant qu’elle relevait d’une démarche normale de planification.
Cependant, les récentes contre-performances financières du groupe ont peut-être pesé dans la balance. Au premier semestre 2024, Stellantis a enregistré une baisse marquée de 18 % de ses ventes en Amérique du Nord, l’un de ses principaux marchés. Ce recul s’est traduit par une chute significative des résultats, accentuant les tensions internes.
Carlos Tavares lui-même avait reconnu une « période de transition très chahutée » et assuré qu’un rebond était attendu dès le second semestre. Manifestement, ces promesses n’ont pas suffi à convaincre un conseil d’administration soucieux de préserver sa vision stratégique.
Stellantis face à des défis colossaux
Le départ soudain de Carlos Tavares intervient à un moment critique pour Stellantis, acteur majeur du secteur automobile avec des marques emblématiques comme Peugeot, Jeep, Fiat ou Chrysler.
Stellantis fait face à des défis de taille dans un contexte industriel en pleine mutation. La transition vers l’électrique s’impose comme une priorité absolue, alors que l’Union européenne prévoit la fin des ventes de véhicules thermiques d’ici 2035. Le groupe doit intensifier ses investissements pour rivaliser avec des leaders comme Tesla et s’assurer une place de choix sur ce marché en pleine expansion.
Par ailleurs, le redressement des ventes en Amérique du Nord est crucial pour sécuriser sa rentabilité, ce marché constituant une véritable machine à cash pour le constructeur. À cela s’ajoute une concurrence de plus en plus vive, notamment avec l’arrivée de nouveaux acteurs chinois sur le marché européen, qui mettent davantage de pression sur Stellantis pour innover et rester compétitif.
Le groupe devra désigner un successeur d’ici le premier semestre 2025. En attendant, une gouvernance intérimaire pourrait être mise en place pour piloter l’entreprise dans cette période d’incertitude.