- Le 2 décembre 2024, les salariés de Volkswagen se sont massivement mobilisés, répondant à l’appel à la grève nationale lancé par IG Metall.
- En toile de fond, des négociations infructueuses et un plan de restructuration controversé qui attise la colère des syndicats.
Le lundi 2 décembre 2024, une vague de contestation a déferlé sur Volkswagen. Le puissant syndicat IG Metall a lancé une grève nationale après l’échec des négociations sur les salaires, provoquant un séisme social au sein du géant automobile allemand. Ce conflit, attisé par un plan de restructuration menaçant la fermeture de trois usines et des milliers d’emplois, pourrait devenir l’un des plus marquants de l’histoire industrielle du pays.
Un mouvement social d’une ampleur inédite
Dès l’aube, les arrêts de travail se sont multipliés dans les usines du groupe à travers l’Allemagne, y compris à Wolfsburg, son siège emblématique. À l’origine de la colère, un plan drastique d’économies présenté en septembre dernier par Volkswagen. Le constructeur, confronté à une baisse de compétitivité, prévoit de réduire ses capacités de production pour économiser plusieurs milliards d’euros.
Pour IG Metall, ces mesures sont inacceptables. Le syndicat a promis de mener une « lutte collective comme l’Allemagne n’en a pas connue depuis des décennies ». Thomas Schäfer, patron de la marque Volkswagen, reste inflexible. Les contre-propositions du syndicat visant à préserver les emplois tout en réduisant les coûts ont été jugées « non viables » par la direction.

Volkswagen, miroir d’une industrie sous pression
La crise chez Volkswagen dépasse largement les murs de ses usines. Elle illustre les bouleversements qui secouent l’ensemble de l’industrie automobile européenne. Ralentissement des ventes, concurrence féroce des fabricants chinois, transition vers les véhicules électriques : autant de défis qui ont plongé le secteur dans une profonde mutation.
En Allemagne, première économie européenne, ces difficultés sont particulièrement criantes. Outre l’automobile, des secteurs clés comme la chimie et la sidérurgie sont frappés par des restructurations. Conséquence : le pays s’attend à une contraction de son activité économique pour la deuxième année consécutive en 2024.

Une grève au cœur des enjeux politiques
Ce mouvement social s’inscrit dans un contexte politique tendu. À quelques semaines des élections législatives du 23 février 2024, la crise chez Volkswagen s’invite dans les débats. La Basse-Saxe, région où est implanté le siège du constructeur, est un bastion du Parti social-démocrate (SPD). Le chancelier Olaf Scholz et son ministre de l’Économie Robert Habeck, tous deux en lice pour ce scrutin, plaident pour des subventions massives à l’industrie, notamment pour alléger les coûts énergétiques.
En face, les conservateurs, favoris des sondages, appellent à réduire les dépenses publiques. L’avenir des soutiens à l’industrie dépendra donc largement de l’issue de cette bataille électorale, laissant planer une grande incertitude sur le futur de l’économie allemande.
Les négociations à la croisée des chemins
Le quatrième round de discussions entre la direction de Volkswagen et les représentants syndicaux, prévu le 9 décembre, sera crucial. Si la direction se dit attachée au principe de cogestion, elle reste ferme sur la nécessité de réduire ses capacités pour assurer sa compétitivité. IG Metall, de son côté, campe sur sa position : il n’y aura pas de solution sans préservation des emplois.
D’ici là, la mobilisation pourrait s’amplifier, paralysant l’un des fleurons de l’industrie allemande.
