- Le gouvernement de Michel Barnier a été renversé par une motion de censure votée par 331 députés, marquant un tournant historique dans la vie politique française.
- Cette décision sans précédent plonge la France dans une crise politique majeure, avec une majorité parlementaire fracturée et des incertitudes sur la suite des événements.
Michel Barnier et son gouvernement ont été renversés ce mercredi après l’adoption d’une motion de censure à l’Assemblée nationale par 331 députés. Ce vote historique dépasse largement les 288 voix nécessaires et plonge le pays dans une zone d’incertitude politique.
C’est Yaël Braun-Pivet, présidente de l’Assemblée nationale, qui a officialisé la nouvelle depuis la tribune : « Conformément à l’article 50 de la Constitution, le Premier ministre doit remettre au président la démission du gouvernement. »
Cette mention de censure, votée par 331 députés, sanctionne la gouvernance Barnier, accusée par ses opposants d’être restée sourde aux appels au compromis.
Boris Vallaud : « Un moment de gravité »
Au micro de TF1, Boris Vallaud, président du groupe socialiste à l’Assemblée nationale, a réagi avec sobriété. « Ce soir, mon sentiment n’est pas celui de la satisfaction. Il y a de la gravité dans le choix que nous avons fait. Mais c’est l’échec de la méthode Barnier puisqu’on n’a jamais cherché le moindre compromis. ».
Le député des Landes a appelé à un réveil politique pour « le bloc central » : « Il faut faire de cette motion de censure un moment de sursaut moral, de rebond, pour le bloc central qui aura à choisir entre le RN qui l’a mené par le bout du nez ou la gauche qui s’ouvre au compromis. »
Marine Le Pen : « Protéger les Français »
Du côté du Rassemblement national, Marine Le Pen a également pris la parole sur TF1, insistant sur le caractère pragmatique du vote de son groupe. « Je n’ai pas de vertige et je ne considère pas que ce soit une victoire. Je considère que nous avions un choix à faire, celui de protéger les Français. »
Marine Le Pen a défendu sa décision de voter avec les députés de La France insoumise, pourtant souvent qualifiés par elle-même de « cheguevaristes de carnaval ».
« Ce n’est pas de gaieté de cœur que nous avons mêlé nos voix à LFI. Pour protéger les Français, il n’y avait pas d’autre solution que celle-là. Il fallait que Michel Barnier accepte de ne pas désindexer les retraites, de ne pas taper sur les retraités. »
La présidente du groupe Rassemblement national a également cherché à rassurer sur la stabilité des institutions françaises : « Nos institutions sont en granit. C’est grâce à Michel Debré et au général de Gaulle. Tout le catastrophisme qu’on entend depuis deux jours va mal vieillir et vite. »
Michel Barnier : entre gravité et avertissements
Dans une allocution empreinte d’émotion, Michel Barnier a remercié ses ministres et la présidente de l’Assemblée nationale avant de quitter la scène politique avec dignité.
« Chacun est responsable de tous. Chacun est seul responsable. Chacun est seul responsable de tous », a-t-il déclaré en citant Antoine de Saint-Exupéry. Il a également repris une citation de Georges Pompidou pour souligner l’importance de l’action collective : « Il faut en toute circonstance rechercher à préserver la morale de l’action, la morale du collectif. »
« Ça restera pour moi un honneur d’avoir servi la France et les Français. », a-t-il ajouté avant de conclure, la voix empreinte de gravité. Cependant, Barnier n’a pas manqué d’agiter le spectre des conséquences de ce renversement : « Ce que je redis, c’est que cette motion de censure rendra tout plus grave et plus difficile. […] Ne jamais sacrifier l’avenir au présent, disait Pierre Mendès France. »
Une incertitude politique sans précédent
Avec la chute du gouvernement Barnier, les regards se tournent désormais vers le président de la République, qui devra nommer un nouveau Premier ministre capable de rassembler une majorité parlementaire fragmentée.
Les prochaines semaines s’annoncent décisives : une crise politique profonde pourrait faire place à des opportunités de renouveau. Mais les divisions entre blocs politiques – entre RN, gauche et centre – laissent planer le doute sur la capacité de l’Assemblée à retrouver une forme de stabilité.