- Amnesty International accuse Israël de « commettre un génocide » dans la bande de Gaza, s’appuyant sur un rapport documenté mettant en lumière des violations graves du droit international.
- Ce document de 300 pages détaille des meurtres de civils, des atteintes à l’intégrité physique et mentale, et des conditions de vie inhumaines imposées aux Palestiniens.
Amnesty International a accusé Israël de « commettre un génocide » contre les Palestiniens de Gaza, dans un rapport publié jeudi. Basé sur une enquête approfondie de dix mois, ce document de 300 pages détaille des actes constituant, selon l’ONG, des violations graves du droit international. Amnesty appelle la communauté internationale à ne pas rester passive face à ces faits, qu’elle qualifie de « réalité de tous les instants ».
Des preuves documentées
S’appuyant sur des recherches de terrain, des images satellites et des déclarations de responsables israéliens, Amnesty International affirme que les autorités israéliennes ont commis trois des cinq actes constitutifs de génocide définis par la Convention sur le génocide de 1948. Selon cette convention, le génocide implique « des actes commis dans l’intention de détruire, en tout ou partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux ».
« Mois après mois, Israël a traité les Palestiniens de Gaza comme un groupe de sous-humains, indigne du respect des droits humains et de la dignité, démontrant son intention de les détruire physiquement », a déclaré Agnès Callamard, secrétaire générale d’Amnesty, lors d’une conférence de presse à La Haye.
Des actes intentionnels et meurtriers
Le rapport dresse une liste d’actions qualifiées de génocidaires, parmi lesquelles figurent les meurtres de membres du groupe, illustrés par 15 frappes aériennes menées entre octobre 2023 et avril 2024.
Ces bombardements ont causé la mort de 334 civils, dont 141 enfants, et Amnesty affirme qu’« aucune preuve » ne démontre que ces attaques visaient des cibles militaires. L’ONG évoque également des atteintes graves à l’intégrité physique et mentale, dénonçant « plusieurs générations qui ont disparu sous les bombes » et des séquelles psychologiques « incommensurables » laissées sur la population palestinienne.
Enfin, le rapport pointe les conditions d’existence destructrices imposées par Israël, notamment un « siège complet » de Gaza instauré en octobre 2023, qui prive les habitants d’eau, d’électricité et de gaz. Ces restrictions exacerbent la crise humanitaire et exposent les Gazaouis à la « malnutrition, la famine et la maladie », dans ce qu’Amnesty qualifie de « mort lente et calculée ».
Tchérina Jerolon, responsable du programme conflit, migration, justice à Amnesty, précise : « Nos preuves démontrent que les autorités israéliennes ont commis trois des cinq actes interdits par la convention sur le génocide : le meurtre, les atteintes graves à l’intégrité physique ou mentale et la mise en place de conditions d’existence qui entraînent une mort lente et calculée des populations de Gaza. »
Des attaques ciblant les civils
Amnesty accuse également Israël de viser intentionnellement des infrastructures civiles essentielles, exacerbant la crise humanitaire. Selon l’ONG, 90 % de la population de Gaza a été déplacée de force, tandis que l’aide humanitaire reste bloquée.
Le rapport mentionne des déclarations publiques de responsables israéliens, appelant à « l’anéantissement, la destruction ou l’effacement de Gaza ». Ces propos, selon Amnesty, traduisent une « impunité systémique » et créent un environnement favorisant des comportements génocidaires.
Une urgence internationale
Depuis le début de la guerre en octobre 2023, 44 532 personnes ont été tuées à Gaza, principalement des civils, selon des données du ministère de la Santé de Gaza, jugées fiables par l’ONU.
Amnesty exhorte la communauté internationale à agir pour mettre fin à ce qu’elle qualifie de génocide en cours. « Les gouvernements doivent arrêter de prétendre qu’ils n’ont aucun pouvoir pour mettre fin à l’occupation, l’apartheid et le génocide à Gaza », a martelé Agnès Callamard.
L’ONG demande notamment un embargo total sur les armes destinées à Israël et appelle à traduire le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu devant la Cour pénale internationale (CPI). « Les États qui envoient des armes vers Israël violent leurs obligations d’empêcher un génocide, et risquent d’en devenir complices », a-t-elle ajouté.
Israël a rejeté les accusations de génocide, insistant sur son droit à se défendre contre le Hamas. Ce dernier est accusé par l’État hébreu d’utiliser les civils comme « boucliers humains ».
Alors que la guerre en Gaza continue de faire des ravages, le rapport d’Amnesty International constitue un appel pressant à la communauté internationale pour qu’elle prenne des mesures concrètes. Le silence ou l’inaction, selon l’ONG, équivaudrait à une complicité dans un crime de génocide.