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vendredi, janvier 17, 2025
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Accord UE-Mercosur : la colère des agriculteurs européens monte d’un cran

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Entre concurrence jugée déloyale et pression sur les exploitations locales, le traité UE-Mercosur cristallise les tensions au sein du secteur agricole, déjà fragilisé par des normes de production strictes.

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a annoncé la validation de l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et les pays du Mercosur. Une décision qui provoque une levée de boucliers parmi les syndicats agricoles européens, dénonçant un « coup de poignard » porté aux agriculteurs.

Des importations qui inquiètent

L’accord, négocié depuis plus de 20 ans, vise à faciliter les échanges commerciaux entre l’Europe et les pays du Mercosur (Brésil, Argentine, Paraguay, Uruguay). Il prévoit notamment des quotas d’importation pour des produits agricoles comme le bœuf et le poulet à droits de douane réduits ou nuls.

Pour les syndicats agricoles européens, cette ouverture est synonyme de concurrence déloyale. Les normes de production sud-américaines, jugées moins strictes que les standards européens, constituent une menace pour les exploitations locales, déjà sous pression.

« Cet accord envoie un message catastrophique aux millions d’agriculteurs européens », s’indigne le Copa-Cogeca, organisation européenne des syndicats agricoles. En France, la FNSEA et les Jeunes Agriculteurs parlent d’une « trahison » et dénoncent un « déni de démocratie », rappelant que la quasi-totalité des parlementaires français se sont opposés à ce traité.

Une mobilisation grandissante

La colère monte dans les campagnes. Vendredi matin, des agriculteurs affiliés à la Coordination Rurale (CR) ont manifesté au pavillon de la viande du marché de gros de Rungis. Les militants, vêtus de blouses blanches et coiffés de bonnets jaunes, ont inspecté les carcasses exposées, dénonçant des importations « non conformes aux exigences françaises ».

« Nous ne pouvons pas accepter des produits qui ne respectent pas nos cahiers des charges », a martelé Édouard Legras, président de la CR du Loir-et-Cher. Ce dernier faisait partie d’une soixantaine de militants arrivés en car à l’aube pour protester contre le traité.

De leur côté, la FNSEA et les Jeunes agriculteurs prévoient un troisième round de manifestations les 9 et 10 décembre. « Les actions vont se durcir », prévient Quentin Le Guillous, secrétaire général des Jeunes Agriculteurs, en ciblant également « l’absence de considération » de la Commission européenne.

Des assurances jugées insuffisantes

Face à ces critiques, Ursula von der Leyen a tenté d’apaiser les tensions. Lors d’une conférence de presse en Uruguay, elle a assuré que l’accord comprend des « garanties solides » pour protéger les agriculteurs européens et leurs moyens de subsistance.

Mais ces promesses peinent à convaincre. Pour Arnaud Rousseau, président de la FNSEA, il s’agit d’un « combat existentiel » pour l’agriculture française.

Le sentiment de trahison est partagé au-delà de la France. À Bruxelles, le Copa-Cogeca appelle les États membres et le Parlement européen à rejeter cet accord lors de sa ratification.

Un débat sur l’avenir de l’agriculture européenne

Plus qu’un simple traité commercial, l’accord UE-Mercosur relance le débat sur l’avenir du modèle agricole européen. Comment concilier ouverture commerciale, respect des normes environnementales et sociales, et défense des agriculteurs locaux ?

Pour les opposants, l’enjeu est clair : préserver une agriculture européenne de qualité face à la concurrence internationale. Mais dans un contexte où l’Europe cherche à renforcer sa position sur la scène mondiale, la question reste ouverte.

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