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Transition syrienne : opportunités et inquiétudes après la chute d’Assad

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  • La fuite de Bachar al-Assad à Moscou, chassé par une offensive rebelle, marque la fin d’un demi-siècle de domination familiale en Syrie et ouvre une nouvelle ère pleine d’incertitudes.
  • Avec la chute de Bachar al-Assad, la Syrie amorce une transition historique qui suscite à la fois des espoirs de renouveau et des interrogations sur les défis à venir.

La Syrie a tourné une page historique ce dimanche avec la chute de Bachar al-Assad, chassé du pouvoir par une offensive massive de groupes rebelles islamistes. Après 24 ans de règne autoritaire, dont près de 14 ans de guerre civile sanglante, le président syrien a fui à Moscou avec sa famille, selon les agences de presse russes. Cet événement met fin à un demi-siècle de domination sans partage du clan Assad, mais ouvre un chapitre marqué par des interrogations majeures sur l’avenir du pays.

Des scènes de liesse ont éclaté en Syrie et dans plusieurs capitales du monde, saluant la chute de celui qui a été accusé de multiples crimes de guerre et violations des droits humains. Toutefois, la communauté internationale s’interroge sur les conséquences de ce bouleversement.

Le président américain Joe Biden s’est félicité de la fin du régime Assad tout en adoptant un ton prudent. « Enfin, le régime d’Assad est tombé », a-t-il déclaré, avant de souligner que « certains des groupes rebelles » ayant contribué à cet événement « avaient des antécédents de terrorisme ». Il a insisté sur la nécessité pour Assad de « rendre des comptes » pour les « centaines de milliers de Syriens innocents maltraités, torturés et tués ».

En Europe, la réaction a été similaire. « Il est impératif que toutes les parties prenantes s’engagent dans un dialogue inclusif, dirigé et contrôlé par les Syriens, sur toutes les questions clés afin de garantir une transition ordonnée et pacifique », a affirmé la cheffe de la diplomatie européenne, Kaja Kallas, au nom des Vingt-Sept.

Un soutien conditionnel à la transition politique

La France a adopté une position claire mais conditionnée. Jean-Noël Barrot, ministre des Affaires étrangères, a déclaré sur Franceinfo : « Il appartient à ce groupe de faire la démonstration de sa volonté sincère d’écarter l’extrémisme, l’islamisme et le jihadisme de cette transition et surtout d’organiser une transition qui permette à toutes les minorités syriennes […] de prendre toute leur part. »

Il a également rappelé que « le soutien et l’appui que la France apportera à cette transition politique en Syrie dépendra du respect de nos exigences », en particulier les droits des femmes, des minorités, et le respect du droit international. La France, qui avait fermé son ambassade à Damas en 2012 après la répression brutale des manifestations pacifiques, plaide pour « l’instauration d’un État fort qui respecte les Syriens dans leur diversité ethnique, politique et religieuse ».

La Turquie, par la voix de son ministre des Affaires étrangères Hakan Fidan, a appelé à la formation d’un « gouvernement inclusif » en Syrie. « Nous attendons des acteurs internationaux, en particulier des Nations unies, qu’ils tendent la main au peuple syrien et soutiennent la formation d’un gouvernement inclusif », a-t-il déclaré à Ankara.

En Chine, la porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Mao Ning, a affirmé que Pékin « suivait de près l’évolution de la situation en Syrie ». Elle a appelé toutes les parties à agir « dans l’intérêt fondamental du peuple syrien » pour parvenir rapidement à « une solution politique permettant de rétablir la stabilité en Syrie ».

Des défis de taille pour l’avenir syrien

Malgré les réjouissances, l’avenir de la Syrie reste incertain. Le Royaume-Uni, par exemple, envisage une révision de sa politique à l’égard du groupe rebelle Hayat Tahrir al-Cham (HTS), qui a joué un rôle clé dans la chute du régime. Interrogé par la BBC, le ministre Pat McFadden a indiqué : « Nous allons nous pencher là-dessus. […] Cela dépendra en partie de la façon dont ce groupe va se comporter maintenant. »

Le chef du HTS, Abou Mohammed al-Joulani, semble vouloir prendre ses distances avec ses positions passées. « Il dit maintenant certaines choses justes sur la protection des minorités, sur le respect des droits des personnes », a ajouté McFadden.

La chute de Bachar al-Assad représente une victoire pour de nombreux Syriens et des acteurs internationaux, mais marque aussi le début d’une transition complexe. La reconstruction d’un État syrien stable, inclusif et respectueux des droits humains est essentielle pour éviter une résurgence de l’extrémisme et assurer un avenir meilleur pour le peuple syrien.

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