Ce mardi, Mohammad al-Bachir a annoncé lors d’une déclaration télévisée qu’il prenait la tête d’un gouvernement de transition en Syrie, un mandat prévu jusqu’au 1er mars 2025. Ancien président du « gouvernement de salut syrien« , exécutif autoproclamé à Idlib et dirigé par le groupe islamiste Hayat Tahrir al-Sham (HTS), sa nomination marque un tournant dans l’histoire récente du conflit syrien.
La nomination de Mohammad al-Bachir intervient au lendemain d’une réunion tenue dans un grand hôtel de Damas, où il a échangé avec le leader du HTS, Abou Mohammad al-Jolani, et l’ex-Premier ministre de Bachar el-Assad, Mohamed al-Jalali. L’objectif ? Trouver une issue politique viable dans un pays déchiré par plus de 12 années de guerre civile.
Ce rapprochement entre des figures clés de la rébellion et des représentants de l’ancien régime est inédit. Si les détails des discussions restent confidentiels, cette rencontre symbolise une tentative de réunir les acteurs opposés autour d’une vision commune pour la Syrie.
Le Qatar, acteur majeur des négociations
En parallèle, le Qatar joue un rôle diplomatique central. Après avoir soutenu le soulèvement contre le régime d’Assad en 2011, Doha n’a pas renoué avec Damas, contrairement à plusieurs pays arabes ces dernières années.
Lors d’une réunion multilatérale organisée à Doha samedi, rassemblant des responsables russes, iraniens, turcs et arabes, le consensus était clair : maîtriser la situation en Syrie et empêcher les groupes extrémistes, comme l’État islamique, de regagner du terrain.
HTS : une transformation en cours ?
Le rôle du Hayat Tahrir al-Sham dans ce processus est au centre des débats. Considéré comme une organisation terroriste par la résolution 2254 du Conseil de sécurité des Nations unies, HTS domine la rébellion en Syrie et reste une source de méfiance pour la communauté internationale.
Pourtant, des signaux d’ouverture émergent. L’envoyé spécial de l’ONU pour la Syrie, Geir Pedersen, a reconnu devant la presse que HTS avait envoyé des « messages positifs » à la population syrienne. « Comme vous le savez, la résolution 2254 considère HTS comme une organisation terroriste. Mais nous devons regarder les faits. Et les faits, c’est que HTS – et les autres groupes armés – ont envoyé des messages positifs aux Syriens. Et très sincèrement, nous l’avons aussi constaté sur le terrain. »
De son côté, Abou Mohammad al-Jolani, leader de HTS, a déclaré dans une interview à CNN qu’il envisageait de démanteler l’organisation, une annonce qui pourrait modifier en profondeur le paysage politique syrien.
Un avenir incertain mais porteur d’espoir
Alors que Mohammad al-Bachir s’installe à la tête du gouvernement de transition, des défis colossaux l’attendent. La stabilisation du pays, le dialogue entre factions rivales et l’implication des acteurs internationaux seront cruciaux pour transformer cette tentative de transition en succès durable.
Cependant, la prudence reste de mise. Si des efforts diplomatiques se multiplient, la capacité des parties impliquées à maintenir leur engagement et à œuvrer pour une réconciliation nationale déterminera si cette transition est véritablement le début d’une nouvelle ère pour la Syrie.