- Face à une Assemblée nationale fragmentée, Emmanuel Macron cherche à constituer un gouvernement d’intérêt général.
- Ce mardi, il reçoit à l’Élysée les leaders des partis modérés pour tenter de dégager un consensus sur la nomination du prochain Premier ministre.
Ce mardi 10 décembre à 14 heures, Emmanuel Macron reçoit à l’Élysée les représentants des forces politiques prêtes à engager le dialogue, à l’exception notable du Rassemblement national (RN) et de La France insoumise (LFI). L’objectif annoncé par la présidence est clair : « constituer un gouvernement d’intérêt général ou rendre cela possible », dans un contexte où éviter une motion de censure semble prioritaire.
Depuis vendredi, le président de la République a multiplié les consultations avec les partis politiques. Les socialistes, les Républicains (LR), les écologistes, les communistes et le groupe Liot ont été reçus tour à tour pour discuter de la méthode à adopter pour sortir de l’impasse politique actuelle. « À l’issue de ses consultations menées depuis vendredi, le président de la République a convié demain à 14h à l’Élysée l’ensemble des partis politiques ayant indiqué se placer dans une logique de compromis », a précisé l’Élysée lundi soir.
L’enjeu principal : trouver une majorité capable de soutenir un futur Premier ministre et, au-delà, éviter l’instabilité institutionnelle. « L’objectif est d’avancer sur un accord concernant une méthode », ajoute l’entourage du chef de l’État, alors qu’Emmanuel Macron s’est engagé à nommer un nouveau Premier ministre « dans les prochains jours ».
Des réactions variées chez les partis
Les socialistes prêts au dialogue, mais exigeants. Le Parti socialiste (PS) a accepté l’invitation, mais a fixé des conditions claires. Dans un courrier adressé à Emmanuel Macron lundi soir, le Parti socialiste a formulé trois exigences principales. Il réclame d’abord la nomination d’un Premier ministre de gauche, affirmant : « Nous défendrons de nouveau la nomination d’un Premier ministre de gauche, légitime. »
Ensuite, le PS conditionne toute hypothèse d’accord de non-censure et de non-usage du 49.3 à « un véritable changement de cap politique ». Enfin, le parti exclut catégoriquement toute participation à un gouvernement technique ou dirigé par la droite, précisant : « Les socialistes ne participeront en aucun cas à un gouvernement qui serait dirigé par un Premier ministre de droite ».
Des écologistes et des communistes fermes sur leurs positions
La cheffe des écologistes, Marine Tondelier, a balayé d’un revers de main l’idée d’une participation à un gouvernement d’union nationale. « Pas question de participer à un gouvernement d’intérêt général avec LR ou des macronistes ou je ne sais qui », a-t-elle déclaré, évoquant un climat tendu.
Du côté des communistes, le patron des députés, André Chassaigne, a ironisé sur les discussions à venir : « On va avoir un échange extrêmement agréable au petit déjeuner », avant de résumer la position de son groupe : « Aucune concession, on n’est pas mandatés pour faire ça. »
Le RN et LFI exclus, mais pas silencieux
Non conviés, le RN et LFI dénoncent leur mise à l’écart. Jordan Bardella, président du RN, a fustigé « le mépris, l’arrogance et l’inélégance » d’Emmanuel Macron sur TF1. Il demande néanmoins à être reçu avec Marine Le Pen par le futur Premier ministre « de manière à pouvoir exprimer très clairement (leurs) lignes rouges », notamment sur le pouvoir d’achat, la sécurité, l’immigration et la proportionnelle.
À gauche, LFI appelle ses alliés du Nouveau Front populaire (NFP) à rejeter toute collaboration. Manuel Bompard, coordinateur de LFI, a lancé sur France 2 : « Je les appelle à ne pas céder aux sirènes et à la tentation du gouvernement d’union nationale. Cela conduirait à les voir renier les engagements programmatiques qu’ils ont pris l’année dernière devant les électeurs. »
La droite joue la prudence
Chez les Républicains, le discours se veut mesuré. Laurent Wauquiez a précisé à ses troupes que la réunion ne serait qu’une « occasion de parler de la méthode pour obtenir une non-censure » et « en aucun cas d’une participation à un gouvernement ou d’un programme ».