- Le secteur numérique français, qui a été un moteur majeur de l’économie ces dernières années, fait face à un ralentissement en 2024.
- Malgré cette révision à la baisse, certains segments, comme le cloud et l’intelligence artificielle, continuent de stimuler la croissance et l’innovation.
Après une décennie de forte croissance, le secteur numérique français entre dans une phase de stabilisation en 2024, avec des prévisions de croissance révisées à la baisse. Selon Numeum, le premier syndicat des entreprises du numérique, la croissance du marché numérique, bien qu’encore positive, devrait atteindre seulement +3,5 % en 2024, contre une prévision initiale de +5,8 %.Ce ralentissement survient après une hausse de +6,5 % en 2023 et met en lumière un environnement économique et politique plus incertain.
Des perspectives plus modérées
« Le secteur numérique fait face à une période de transition, marquée par des incertitudes économiques et politiques qui pèsent sur les décisions d’investissement », explique Numeum dans son dernier rapport. Le syndicat note que malgré cette révision à la baisse, certains segments du marché continuent de croître à un rythme soutenu, portés par des leviers clés comme le cloud et l’intelligence artificielle (IA) générative.
Une croissance contrastée selon les segments
Le marché numérique français, évalué à 69,4 milliards d’euros en 2024, se divise en trois grands segments. Les éditeurs de logiciels et les plateformes cloud, représentant 39 % du marché avec un chiffre d’affaires de 26,8 milliards d’euros, continuent de bénéficier d’une forte dynamique avec une prévision de croissance de +8,2 %. À l’inverse, les entreprises de services numériques (ESN) connaissent un ralentissement significatif, avec une croissance estimée à seulement +0,7 %, représentant 50 % du marché, soit 34,5 milliards d’euros.
En revanche, les activités de conseil en technologies (ICT), représentant 11 % du marché pour un chiffre d’affaires de 7,9 milliards d’euros, prévoient une croissance modeste de +1 %.
Les leviers de croissance dans un climat incertain
Malgré ces ralentissements, plusieurs secteurs clés continuent de tirer la croissance du marché numérique. Le cloud, en particulier, connaît une dynamique impressionnante, avec un marché estimé à 20,1 milliards d’euros et une croissance prévue de +27 % en 2024. « Le cloud verticalisé, la généralisation des containers et la modernisation des applications continuent de transformer le secteur », souligne le rapport de Numeum.
La sécurité numérique suit également une trajectoire ascendante avec 4,6 milliards d’euros de chiffre d’affaires et une croissance attendue de +11,9 %. Ce secteur bénéficie de la hausse des investissements pour répondre aux risques croissants en matière de cybersécurité.
Les données massives (Big Data), avec un marché de 3,6 milliards d’euros et une croissance de +15,7 %, restent essentielles pour l’optimisation des opérations et le développement de nouveaux services. Le marché des services IA atteint 1,8 milliard d’euros, avec une croissance de +5 %, bien que l’adoption de ces technologies reste encore timide pour de nombreuses entreprises.
Un autre moteur de croissance, bien qu’encore sous-exploité, est le numérique responsable, qui connaît une croissance de +27 %avec un marché de 0,9 milliard d’euros. Ce secteur est particulièrement porté par les engagements des entreprises et des gouvernements en matière de transition écologique.
L’IA générative : un moteur de productivité
L’IA générative émerge comme une des technologies les plus disruptives du marché. En 2024, 76 % des éditeurs et plateformes numériques affirment avoir intégré ou prévoient d’intégrer cette technologie dans leurs offres. Cette adoption permet des gains de productivité notables : près de 47 % des entreprises rapportent une amélioration de 5 à 10 % de leur productivité, tandis que 26 % prévoient des gains encore plus importants, de l’ordre de 11 % à 22 %.
Cependant, l’adoption de l’IA générative rencontre encore plusieurs obstacles. Selon Numeum, 41 % des entreprises ont du mal à quantifier les bénéfices de cette technologie, tandis que 39 % éprouvent des difficultés à trouver des cas d’usage à forte valeur ajoutée. La pénurie de talents qualifiés en IA générative reste également un frein majeur, avec 35 % des entreprises confrontées à cette problématique.
Numeum note également que les éditeurs de logiciels devront investir massivement en recherche et développement pour intégrer des agents IA autonomes dans leurs solutions, afin d’orchestrer des services complexes en temps réel.
Le numérique responsable : une transition encore à l’œuvre
Le numérique responsable, bien que crucial pour la transition écologique et numérique, reste insuffisamment adopté par les entreprises françaises. Selon l’enquête, 48 % des entreprises n’ont jamais réalisé de bilan carbone, et 50 % ne disposent d’aucune certification RSE. De plus, 65 % des entreprises n’ont pas de certification en matière de confiance numérique. « Il est impératif que les entreprises s’engagent activement dans la transition numérique responsable pour rester compétitives à long terme », souligne Numeum, qui appelle à une meilleure adoption des pratiques durables.
