- En quête d’un consensus pour garantir la stabilité politique, Emmanuel Macron a réuni les leaders des partis ce mardi à l’Élysée.
- Cette rencontre cruciale a jeté les bases d’un « contrat de méthode » destiné à structurer la formation d’un gouvernement apte à surmonter une période législative agitée.
Emmanuel Macron a réuni mardi les chefs des principaux partis politiques à l’Élysée pour une rencontre marathon de plus de deux heures et demie. Cette réunion, organisée sans la participation du Rassemblement national (RN) et de La France insoumise (LFI), visait à poser les bases d’un « contrat de méthode ». L’objectif affiché : trouver une stabilité institutionnelle après la chute du précédent gouvernement et apaiser les tensions au sein d’une Assemblée nationale fracturée.
Le chef de l’État a profité de cette rencontre pour annoncer son intention de nommer un nouveau Premier ministre « dans les 48 heures ». Une décision urgente, motivée par la nécessité de tourner la page de la démission de Michel Barnier, renversé le 4 décembre dernier par une alliance improbable entre le RN et la gauche.
Macron a insisté sur un point clé : « Une unanimité des forces politiques [s’est exprimée] pour ne plus dépendre du RN », une situation qu’il a qualifiée d’insoutenable après que Marine Le Pen a choisi de renverser le gouvernement en s’alliant avec la gauche.
Des compromis difficiles entre les partis
Si les échanges ont permis d’identifier quelques pistes, les partis politiques peinent à trouver un terrain d’entente. Laurent Wauquiez, chef des députés Droite républicaine, a exclu catégoriquement tout « contrat de gouvernement avec des gens avec lesquels on ne partage pas les mêmes valeurs ». Toutefois, il a concédé qu’un accord pourrait être envisageable pour « au moins ne pas faire tomber un gouvernement ».
De son côté, Olivier Faure, patron du Parti socialiste, a martelé que la gauche revendique « très logiquement (…) un Premier ministre de gauche » qui soit « ouvert aux compromis ». Refusant tout soutien à un exécutif « dirigé par la droite ou dit technique », il a néanmoins défendu sa participation à la réunion, affirmant vouloir œuvrer pour une « sortie de crise ».
Marine Tondelier, cheffe des Écologistes, a salué l’engagement du président à ne « plus se mettre dans les mains du Rassemblement national », mais a critiqué un manque d’ouverture du camp présidentiel : « Ils ne sont prêts à aucun compromis pour former un gouvernement », a-t-elle déclaré en sortant de l’Élysée.
Les options pour Matignon
Le choix du futur Premier ministre reste au cœur des spéculations. Dans l’entourage présidentiel, les noms de François Bayrou, dirigeant centriste, et de figures comme Sébastien Lecornu, Catherine Vautrin ou encore Jean-Yves Le Drian circulent. François Baroin, maire de Troyes, est également mentionné.
Mais les options proposées par Macron suscitent des réserves. L’arrivée de François Bayrou à Matignon, par exemple, hérisse une partie de la gauche, tandis que Marine Tondelier a déclaré que l’éventuelle nomination de l’ex-Premier ministre socialiste Bernard Cazeneuve était « hors de question » selon le président.
« Plateformes » de réflexion proposées
Alors que les discussions à l’Élysée se multiplient, Emmanuel Macron semble vouloir apaiser les divisions au sein de l’Assemblée nationale. Lors de la réunion, trois « plateformes » de réflexion ont été proposées pour structurer les interactions entre les partis : une première, dite « de gouvernement », destinée aux formations politiques prêtes à collaborer activement au sein de l’exécutif ; une deuxième, qualifiée de « législative », axée sur la recherche de compromis autour des textes budgétaires et législatifs ; et une troisième, appelée « de non-censure », regroupant les partis qui, malgré leurs désaccords, souhaitent s’engager à éviter toute instabilité institutionnelle.
Cependant, ces efforts n’ont pas dissipé les fractures à gauche. Olivier Faure a dénoncé « la politique de la chaise vide » de La France insoumise, qui avait refusé de participer à un tête-à-tête avec Macron. « C’est une forme d’affaiblissement de la gauche», a-t-il déploré, en assurant vouloir « chercher une solution ».
Une course contre la montre
Avec la nomination imminente d’un nouveau Premier ministre, Emmanuel Macron joue une partie cruciale pour garantir la stabilité politique. Si la réunion de mardi a permis d’esquisser des pistes, elle a également révélé des désaccords profonds. Les jours à venir s’annoncent décisifs pour savoir si le président parviendra à imposer son « gouvernement d’intérêt général » ou si les divisions au sein de l’hémicycle continueront de paralyser la vie politique.