- La Banque centrale européenne (BCE) a annoncé, ce jeudi, une nouvelle réduction de ses taux directeurs, poursuivant ainsi sa politique monétaire accommodante face à une reprise économique plus lente que prévu dans la zone euro.
- Cette décision s’accompagne d’une révision à la baisse des prévisions de croissance et d’inflation pour les prochaines années.
La Banque centrale européenne (BCE) a annoncé, ce jeudi, une nouvelle baisse de ses taux directeurs, la quatrième consécutive. Cette décision s’accompagne d’une révision à la baisse des prévisions de croissance pour la zone euro en 2024, dans un contexte de reprise économique plus lente qu’escompté.
Christine Lagarde, présidente de la BCE, a dressé un tableau mitigé lors de sa conférence de presse mensuelle. « La croissance en zone euro perd de l’élan », a-t-elle déclaré, évoquant les tensions sur le commerce mondial qui freinent l’économie. Les nouvelles projections font état d’une hausse du PIB de seulement 0,7 % l’an prochain, contre 0,8 % anticipé en septembre. En 2025, la croissance devrait atteindre 1,1 %, puis 1,4 % en 2026.
Un processus de désinflation en marche
La BCE s’est également penchée sur l’inflation, un défi majeur depuis plusieurs années. Les derniers chiffres montrent une inflation annuelle de 2,3 % en novembre, bien en deçà des 2,6 % prévus pour le quatrième trimestre. Les nouvelles prévisions confirment une trajectoire descendante : 2,4 % en 2024, 2,1 % en 2025 et 1,9 % en 2026, avant un léger rebond à 2,1 % en 2027.
Christine Lagarde a salué ces progrès : « Le processus de désinflation est en bonne voie« . Toutefois, la BCE reste vigilante face à des pressions salariales persistantes, qui pourraient peser sur la stabilité des prix à moyen terme.
Nouvelle réduction des taux directeurs
Dans la continuité de sa politique d’assouplissement monétaire, la BCE a décidé d’abaisser ses trois taux directeurs de 0,25 point de pourcentage. Ils oscillent désormais entre 3 % et 3,4 %. Cette mesure vise à alléger les conditions de financement pour les banques et, par ricochet, à rendre les crédits plus accessibles aux ménages et aux entreprises.
Depuis le début de l’année, la BCE a réduit son principal taux directeur de 4 % à 3,25 %, en trois étapes. Si cette nouvelle baisse est saluée par les investisseurs, elle n’a rien de surprenant. Certains économistes espéraient néanmoins un geste plus audacieux, à l’image de la Banque nationale suisse, qui a opté pour une réduction de 0,5 point.
Des incertitudes économiques et politiques
En arrière-plan, l’économie européenne reste sous pression. La prudence affichée par plusieurs banquiers centraux lors de récents débats a laissé peu de place à une accélération des baisses de taux. « Il n’y a pas besoin de se précipiter à ce stade pour la BCE« , estime Sylvain Broyer, économiste en chef chez S&P Global Ratings. « L’inflation, à court terme, est sous contrôle, mais tant que les coûts du travail augmentent plus vite que la productivité, la BCE devrait attendre avant d’assouplir davantage. »
Les prévisions de croissance pour les années à venir sont également marquées par une forte incertitude. À cela s’ajoutent les tensions géopolitiques et les incertitudes autour de la politique économique américaine sous l’administration de Donald Trump, réélu récemment. La BCE table désormais sur une croissance de 0,7 % en 2024, 1,1 % en 2025 et 1,4 % en 2026, des chiffres loin d’une reprise vigoureuse.
En dépit de ces ajustements, les défis restent nombreux. Une accélération de l’assouplissement monétaire pourrait redonner un élan à l’économie, mais le contexte mondial exige prudence et réactivité. Pour les marchés, le signal envoyé par la BCE est toutefois clair : la banque centrale reste déterminée à soutenir l’économie tout en gardant un œil vigilant sur les risques inflationnistes.