Le 12 décembre 2024, après des années de discussions et de tensions, l’Union Européenne a donné son feu vert à l’adhésion complète de la Roumanie et de la Bulgarie à l’espace Schengen, marquant ainsi un tournant historique pour ces deux pays. À partir du 1er janvier 2025, ces derniers pourront enfin rejoindre pleinement les autres membres de l’espace de libre circulation, permettant à leurs citoyens de circuler sans frontières au sein de la zone Schengen.
Dans un communiqué commun, la Roumanie et la Bulgarie ont qualifié cette décision de « historique », soulignant que l’adhésion à Schengen était un « objectif clé » depuis leur entrée dans l’Union Européenne en 2007. Le président roumain Klaus Iohannis a salué cette avancée comme la « reconnaissance de longues années d’efforts » et a promis que son pays continuerait à jouer un rôle actif pour « protéger et renforcer les frontières extérieures de l’UE ». Selon lui, cette adhésion « renforce la sécurité et l’unité de l’Union Européenne ».
L’Autriche lève son veto
L’une des étapes cruciales de cette adhésion a été la levée du veto de l’Autriche, qui s’opposait depuis 2022 à l’intégration complète de la Roumanie et de la Bulgarie dans Schengen. Vienne avait accepté, en mars 2023, une adhésion partielle de ces deux pays, limitée aux aéroports et ports maritimes, mais avait restreint l’extension de l’espace Schengen sur les frontières terrestres. La principale inquiétude de l’Autriche était un potentiel afflux de demandeurs d’asile, que le pays estimait difficile à gérer sans renforcement des contrôles.
Cependant, grâce à des négociations fructueuses, un accord a été trouvé en novembre 2024 à Budapest. Les mesures proposées comprennent des contrôles temporaires pour une période de six mois afin de minimiser les risques de redirection des flux migratoires vers de nouvelles routes terrestres. Ce compromis a permis de lever l’obstacle autrichien et d’assurer l’adhésion complète de la Roumanie et de la Bulgarie à Schengen.
Un espace Schengen élargi
L’espace Schengen, créé en 1985, inclut désormais 25 des 27 pays de l’Union Européenne, ainsi que plusieurs pays voisins tels que la Suisse, la Norvège, l’Islande et le Liechtenstein. Cette zone de libre circulation permet à plus de 400 millions de citoyens européens de voyager sans contrôle aux frontières internes. L’entrée de la Roumanie et de la Bulgarie dans cet espace marque une nouvelle étape dans l’intégration des pays de l’UE.
Le chemin semé d’embûches pour la Roumanie et la Bulgarie
Bien que la Roumanie et la Bulgarie remplissent les critères techniques nécessaires à l’adhésion à Schengen depuis 2011, leur entrée dans l’espace de libre circulation a été retardée par des préoccupations concernant la corruption et la réforme de la justice. Ces deux pays, membres de l’UE depuis 2007, ont dû faire face à des oppositions internes et à des blocages politiques, notamment des Pays-Bas, qui ont longtemps exprimé des réserves concernant la gouvernance dans ces pays.
Malgré ces obstacles, la Roumanie et la Bulgarie ont intensifié leurs efforts pour répondre aux attentes de l’UE, notamment en matière de sécurité et de justice. Ces réformes ont joué un rôle clé dans la levée des dernières réticences des États membres, dont les Pays-Bas et la France, qui ont finalement soutenu l’adhésion des deux pays à Schengen.
La Croatie, un cas à part
Un élément qui a marqué cette évolution est la situation de la Croatie. Bien qu’elle ait rejoint l’UE après la Roumanie et la Bulgarie, en 2013, la Croatie a été la première à intégrer l’espace Schengen, dès janvier 2023. Cela a créé une situation particulière, où la Roumanie et la Bulgarie, membres de l’UE depuis 2007, ont dû attendre plus longtemps pour rejoindre leurs voisins dans cet espace de libre circulation.