- François Bayrou s’installe à Matignon dans un climat politique tendu, où chaque décision sera cruciale pour préserver la stabilité du gouvernement.
- Entre tensions parlementaires et attentes sociales, François Bayrou entame son mandat de Premier ministre avec la promesse d’une gouvernance rigoureuse et transparente.
C’est un chantier politique d’une ampleur inédite qui attend François Bayrou, nommé vendredi à Matignon. À 73 ans, le centriste prend les rênes d’un gouvernement sous pression, face à une Assemblée nationale fragmentée et un pays en quête d’apaisement. Si l’homme a entamé ce week-end une série de consultations stratégiques, le chemin s’annonce semé d’embûches.
Dès samedi, François Bayrou a réuni les poids lourds à Matignon pour des échanges déterminants. Il a notamment rencontré les présidents des deux chambres parlementaires, Yaël Braun-Pivet et Gérard Larcher, ainsi que Pierre Moscovici, premier président de la Cour des comptes, et François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France. Objectif : poser les bases d’une gouvernance solide et affronter les défis économiques et sociaux.
Lors de la passation de pouvoir, l’ancien ministre n’a pas caché l’ampleur de la tâche. « Je ne sous-estime rien de l’Himalaya qui se dresse devant nous, ni les difficultés de toute nature », a-t-il déclaré, promettant de « ne rien cacher, ne rien négliger et ne rien laisser de côté ».
Un futur gouvernement à l’équilibre fragile ?
La composition actuelle de l’Assemblée nationale complique la donne pour François Bayrou. Si les voix de la gauche venaient à s’allier à celles du Rassemblement national, le gouvernement pourrait rapidement être mis en minorité, comme ce fut le cas pour son prédécesseur Michel Barnier.
La question du recours à l’article 49.3, qui permet d’adopter une loi sans vote, est déjà au cœur des tensions. Dans un courrier envoyé vendredi, le Parti socialiste a exigé que le futur gouvernement y renonce. « Nous mettons notre vote dans la balance », ont averti les socialistes, qui réclament le respect du débat parlementaire. De leur côté, les députés de La France insoumise (LFI) n’ont pas attendu : Mathilde Panot, leur cheffe de file, a annoncé sur le réseau social X que son groupe voterait la censure du gouvernement dès que possible. « Deux choix s’offriront aux députés : le soutien au sauvetage de Macron ou la censure. Nous avons fait le nôtre », a-t-elle martelé.
Les écologistes en position d’arbitre
Les écologistes, eux, jouent la carte de la prudence. Marine Tondelier, secrétaire nationale des Écologistes, a assuré samedi sur France Inter qu’elle ne souhaitait pas « censurer a priori » le gouvernement, tout en exprimant des réserves croissantes. « Nous commençons déjà à avoir des a priori de censure », a-t-elle précisé, demandant des engagements fermes sur plusieurs fronts : justice sociale, fiscalité, moyens pour les collectivités locales, et une loi ambitieuse pour le climat.
La nomination de François Bayrou, fidèle parmi les fidèles du président de la République, est également perçue par certains comme une preuve d’entêtement. « Il persiste à ne pas reconnaître sa défaite », a critiqué Marine Tondelier, en référence au contexte politique tendu pour Emmanuel Macron.
À droite, des conditions strictes
Du côté des Républicains, le soutien au nouveau gouvernement dépendra du programme présenté par François Bayrou. « Nous ne nous renierons pas », a prévenu François-Xavier Bellamy, eurodéputé LR, lors d’une intervention sur France Inter. Parmi les priorités des Républicains : l’immigration, la sécurité, l’agriculture, la fiscalité et la dette. Une position claire, mais qui pourrait fragiliser davantage le jeu des alliances à l’Assemblée.
Un premier test décisif
Alors que les motions de censure se profilent et que le pays réclame des mesures fortes, le Premier ministre devra démontrer rapidement sa capacité à rassembler. La moindre erreur pourrait coûter cher, tant au gouvernement qu’à l’exécutif.
En attendant, les regards restent braqués sur Matignon, où chaque déclaration, chaque initiative, sera scrutée avec attention. La promesse de « ne rien négliger » devra se traduire par des actes, dans un climat politique sous haute tension.