- À l’espace Reuilly, le 14 décembre, la musique traditionnelle tunisienne a conquis le cœur des Parisiens lors d’un concert exceptionnel de Mâlouf, organisé par l’association éponyme.
- Cet événement, porté par la passion et l’expertise d’Ahmed-Ridha Abbès, a célébré un patrimoine musical unique mêlant poésie, émotion et virtuosité.
Samedi 14 décembre, l’espace Reuilly, niché au cœur du 12ᵉ arrondissement de Paris, a résonné au son envoûtant du Mâlouf tunisien. Organisé par l’association Mâlouf Tunisien, cet événement a rassemblé les amateurs de musique classique autour d’un répertoire riche en émotions. « Nous chanterons l’amour, la passion et l’ivresse », avaient annoncé les organisateurs, et ils ont tenu leur promesse en transportant le public dans un voyage musical empreint de poésie et de raffinement.
Une mission culturelle portée par une passion collective
Fondée et dirigée par Ahmed-Ridha Abbès, l’association Mâlouf Tunisien se consacre à la préservation et à la promotion de ce patrimoine musical unique. Implantée à Paris, elle rassemble une trentaine de musiciens et choristes qui, à travers leur engagement, perpétuent une tradition héritée de l’époque andalouse.
« Nous fonctionnons avec nos propres moyens et grâce à la participation de nos adhérents et sympathisants », explique Ahmed-Ridha Abbès.
Les activités de l’association vont bien au-delà des concerts : elles incluent des ateliers de pratique musicale, des conférences et un travail approfondi de recherche sur des partitions rares ou méconnues du répertoire classique tunisien. « La nouba classique tunisienne est notre priorité », précise Ahmed-Ridha Abbès. « Nous menons un travail de recherche sur les parties mal connues et jamais exécutées ou enregistrées de notre patrimoine musical classique tunisien. », ajoute-il.
Ce travail de fond a permis la publication de sept albums, parmi lesquels figurent quatre noubas complètes : Noûba Al Dhîl, Noûba Al-‘Arâq, Noûba Al-Sîkâ et Noûba Al-Hsîn. Ces œuvres sont accompagnées de morceaux traditionnels comme Zajal Dîr al Moûdâm fil Kâss et bien d’autres joyaux oubliés.
Le Mâlouf : un patrimoine vivant au service du dialogue culturel
Le Mâlouf tunisien, musique classique héritée des traditions andalouses, s’est adapté aux spécificités culturelles tunisiennes au fil des siècles. Sa pièce maîtresse, la nouba, est une suite musicale complexe où les maqamat (modes musicaux) servent de cadre à une succession d’introductions instrumentales et de chants poétiques.
Pour magnifier cette musique, les artistes de l’association s’appuient sur des instruments traditionnels tels que le oud, le qanûn, le nay ou encore la darbouka. « Les activités de l’association offrent un espace de rencontre et de partage pour tous ceux qui sont intéressés par la musique tunisienne et la culture arabe en général, renforçant ainsi les liens », souligne Ahmed-Ridha Abbès.
Une reconnaissance bien méritée
L’association Mâlouf Tunisien a été couronnée en 2022 par le prix de la Meilleure organisation tunisienne à l’étranger dans le domaine culturel, décerné par le ministère tunisien des Affaires sociales. Une distinction qui récompense son rôle dans le rayonnement de la culture tunisienne à Paris et au-delà.
Avec ses initiatives, l’association ne se contente pas de préserver un héritage, elle le fait vivre et le transmet à une nouvelle génération de mélomanes. Les concerts organisés, principalement à Paris, permettent au public de s’immerger dans une musique qui célèbre l’amour, la spiritualité et les racines d’un peuple.
Une tradition ancrée dans le passé, tournée vers l’avenir
Alors que le Mâlouf continue de faire face aux défis de sa préservation, l’association Mâlouf Tunisien agit comme un rempart contre l’oubli. À travers ses recherches, ses enregistrements et ses performances, elle maintient vivante une tradition musicale qui est bien plus qu’un art : un témoignage vibrant de l’histoire tunisienne et un pont entre les cultures.