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Contaminations, suspensions et accusations : le futur de Perrier en jeu

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  • L’usine de Vergèze, qui produit l’eau gazeuse Perrier, est sous le feu des critiques après la découverte de pratiques non conformes aux normes.
  • Entre contaminations et méthodes controversées, Perrier fait face à un avenir incertain, avec des conséquences potentielles pour ses milliers de consommateurs et ses centaines de salariés.

La marque emblématique d’eau gazeuse Perrier, produite à Vergèze (Gard) et commercialisée par Nestlé, traverse une crise majeure. Selon un rapport confidentiel de l’Agence régionale de santé (ARS) d’Occitanie, révélé par Le Monde et Radio France, l’entreprise pourrait perdre son label d’eau minérale naturelle en raison de graves non-conformités sanitaires.

Des suspensions de forages, des contaminations d’origine fécale, et des pratiques controversées pour masquer ces problèmes fragilisent aujourd’hui l’avenir du site historique. Le préfet du Gard devra statuer sur la demande de renouvellement d’exploitation de la « source Perrier« , mais le verdict ne tombera pas avant 2025.

 « Des pratiques frauduleuses graves »

En avril 2023, une contamination d’origine fécale a été détectée sur plusieurs captages de l’usine de Vergèze, conduisant à la suspension de certains forages et à la destruction de 3 millions de bouteilles en rayon. À l’époque, Nestlé avait attribué cet incident à des pluies intenses qui auraient affecté ponctuellement la qualité des nappes phréatiques.

Mais les inspections successives ont révélé une réalité plus inquiétante. « On est face à des pratiques frauduleuses graves et complètement hors des clous par rapport à la réglementation« , a déclaré Ingrid Kragl, directrice de l’organisation Foodwatch, ce lundi sur Franceinfo. Foodwatch, qui dénonce depuis février les dérives du géant suisse, a porté plainte dès les premières révélations.

Selon l’ARS, les traitements appliqués par Nestlé – comme la microfiltration, les filtres UV ou encore les charbons actifs – ont permis de masquer des contaminations tout en continuant à commercialiser les bouteilles. « Ces traitements visent à pallier une qualité d’eau brute insuffisante« , souligne le rapport, les qualifiant de « non-respect des obligations légales ou réglementaires juridiquement opposables« .

Un risque virologique et des suspensions en cascade

Le rapport de l’ARS, finalisé en août 2023, met en garde contre un risque virologique global sur le site de Vergèze. L’organisme invite Nestlé à repenser l’usage alimentaire des captages d’eau actuels et à apporter des garanties sanitaires complémentaires.

« Nestlé Waters doit sérieusement envisager un arrêt de la production d’eau minérale sur le site de Vergèze« , conclut l’ARS, laissant entendre que l’usine ne pourrait plus produire une eau répondant aux standards stricts du label d’eau minérale naturelle.

Le préfet du Gard, qui a déjà ordonné la suspension d’un des sept captages en avril dernier, devra se prononcer sur la demande de renouvellement d’exploitation déposée par Nestlé en octobre 2023. Cette décision, cruciale pour l’avenir de l’usine et de ses centaines de salariés, est attendue pour le premier semestre 2025.

Des enjeux économiques et environnementaux

Cette crise dépasse le cadre sanitaire. L’usine de Vergèze, qui emploie près de 1 000 personnes directement ou indirectement, est un pilier économique local. Si la production devait s’arrêter ou être réorientée, les répercussions sociales seraient lourdes.

Par ailleurs, la dégradation généralisée des nappes phréatiques de la région, accentuée par des épisodes climatiques extrêmes, soulève des questions environnementales. Nestlé avait déjà été sanctionné en septembre dernier, écopant d’une amende de 2 millions d’euros pour des pratiques similaires dans les Vosges, où sont produites les eaux de Vittel, Contrex et Hépar.

 « Presque un an de révélations et toujours rien »

Foodwatch pointe également l’inaction des autorités. « Presque un an de révélations et toujours rien, toujours pas de juge d’instruction désigné », déplore Ingrid Kragl. Elle s’indigne aussi des délais annoncés : « Et je découvre que le préfet du Gard envisage de prendre une décision au premier semestre… 2025 ! »

Pour le moment, Perrier tente de rassurer ses consommateurs, tout en renforçant ses traitements de désinfection. Mais cette stratégie risque de ne pas suffire pour maintenir son statut d’eau minérale naturelle, un label exigeant qui garantit la pureté et la stabilité d’une eau directement embouteillée à la source.

Une marque emblématique en péril

Perrier, symbole de l’eau gazeuse française, est à un tournant de son histoire. La décision de la préfecture du Gard sera déterminante pour son avenir, mais aussi pour l’image de l’industrie française de l’eau embouteillée.

Alors que les enjeux sanitaires, environnementaux et économiques s’entremêlent, la crise de Vergèze illustre la nécessité d’un contrôle renforcé et d’une gestion plus durable des ressources hydriques. Pour Nestlé, le défi sera de prouver qu’il peut concilier exploitation industrielle et respect des normes strictes qui ont fait la renommée de Perrier.

 

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