- Dans une Assemblée éclatée où aucun groupe ne détient la majorité, François Bayrou doit naviguer à vue.
- À Matignon, il multiplie les rencontres avec les forces politiques pour tenter de bâtir une coalition élargie et éviter l’impasse institutionnelle.
Après un week-end de consultations, François Bayrou s’attaque à une tâche complexe : former un gouvernement capable de gouverner sans majorité et de faire adopter le budget 2025.
C’est un Premier ministre au pied du mur qui a entamé ce lundi matin une série de consultations avec les forces politiques de l’Assemblée nationale. François Bayrou, nommé récemment à Matignon, a pour mission de constituer un gouvernement suffisamment solide pour affronter une Assemblée profondément fragmentée et souvent hostile. Une situation périlleuse, alors que le spectre de la censure plane toujours, comme en témoigne la chute récente du gouvernement Barnier.
Un agenda chargé à Matignon
À 9 heures, François Bayrou a reçu Marine Le Pen, cheffe de file des députés Rassemblement national (RN), accompagnée par Jordan Bardella, président du parti. Le RN, qui dispose de 124 députés, est le premier groupe parlementaire de l’opposition.
La journée s’est poursuivie avec Gabriel Attal, leader des députés d’Ensemble pour la République (EPR) et président de Renaissance, avant d’accueillir les représentants des Socialistes, des Républicains, des Écologistes et des autres groupes parlementaires. Les entretiens sont organisés selon l’importance numérique des groupes, un ordre que François Bayrou a personnellement tenu à respecter.
« Le fait d’avoir été littéralement descendu en flèche par les députés de Marine Le Pen, c’était ma Légion d’honneur à moi », a déclaré Roland Lescure, vice-président de l’Assemblée nationale, au micro de RTL. L’ex-ministre de l’Industrie, pressenti un temps pour Matignon, a salué le choix de François Bayrou comme Premier ministre : « Il est la bonne personne au bon moment. Cela fait des années qu’il prêche pour élargir l’alliance des républicains des deux bords, et c’est exactement ce qu’il nous faut pour nous sortir des griffes du RN. »
Des absences et des tensions
Si François Bayrou cherche à rassembler, il se heurte néanmoins à des résistances. La France Insoumise (LFI) a refusé de participer à ces consultations. Mathilde Panot, présidente du groupe parlementaire, a dénoncé une initiative précipitée, estimant que François Bayrou aurait dû « former son gouvernement » et se « présenter devant l’Assemblée nationale » avant d’entamer de tels échanges.
Cette absence, très remarquée, n’a pas empêché François Bayrou de poursuivre son marathon politique. Parmi les rencontres marquantes, celle avec Laurent Wauquiez, leader des députés Droite républicaine (DR), qui est venu seul, ainsi que l’entretien prévu avec Éric Ciotti, attendu ce mardi pour représenter l’Union des droites.
Un budget 2025 sous haute tension
Au-delà des consultations, l’urgence est ailleurs : le vote du budget 2025. Sans majorité, François Bayrou devra convaincre une Assemblée réticente. Les Socialistes et les Écologistes pourraient se montrer ouverts à des compromis, mais l’opposition du RN et de LFI complique la donne.
Roland Lescure, lui, reste optimiste : « François Bayrou incarne l’élargissement des alliances, la main tendue. C’est exactement ce dont nous avons besoin pour bâtir un gouvernement capable de répondre aux défis du moment. »
Vers un gouvernement d’union nationale ?
Dans ce contexte, certains évoquent l’idée d’un gouvernement d’union nationale, rassemblant des personnalités de différents horizons politiques. Cette hypothèse permettrait de contourner l’impasse parlementaire en isolant les extrêmes, mais reste délicate à mettre en œuvre.
Pour l’heure, François Bayrou joue une partie délicate, où chaque consultation compte. Sa capacité à convaincre et à rassembler déterminera non seulement l’avenir de son gouvernement, mais aussi celui de la stabilité politique du pays.
