- Critiqué pour son absence à la cellule de crise sur Mayotte, François Bayrou tente de reprendre la main avec une série de consultations politiques.
- Le Premier ministre, fragilisé par un faible niveau de confiance, s’attèle à composer son gouvernement.
Lundi 16 décembre, François Bayrou a présidé un conseil municipal à Pau, sa ville, alors qu’une cellule de crise se tenait simultanément à Paris pour gérer la situation à Mayotte. Un choix qui a provoqué une levée de boucliers dans les rangs de l’opposition.
« Qu’est-ce que vous faites là, monsieur Bayrou ? C’est une faute politique », a lancé Tunday Cilgi, élu GDS (Gauche démocratique et sociale), en pleine séance. Et d’ajouter : « Votre première mission, monsieur le Premier ministre, c’est de prendre l’avion et d’aller à Mayotte. »
Fabien Roussel, secrétaire national du Parti communiste français, a déclaré ce mardi sur BFMTV/RMC que le nouveau Premier ministre, François Bayrou, « devrait déjà être sur place ». En effet, lundi soir, ce dernier s’est rendu à Pau, où il est toujours maire, pour assister au conseil municipal. « Je me demande s’il prend la mesure de la gravité de la situation », a regretté Fabien Roussel, soulignant qu’à Mayotte « chaque heure qui passe est une heure de trop ».
Olivier Faure, leader du Parti socialiste, a également réagi ce mardi matin sur France 2, affirmant que « la place du Premier ministre n’était pas à Pau hier soir. La priorité, c’est Mayotte ». « J’aurais préféré que le Premier ministre, au lieu de prendre un avion pour Pau, prenne un avion pour Mamoudzou », à Mayotte, a indiqué, de son coté, Yaël Braun-Pivet, présidente de l’Assemblée nationale au micro de franceinfo ce mardi matin.
Matignon : François Bayrou poursuit ses consultations politiques
En parallèle, François Bayrou poursuit sa mission. Depuis sa nomination, il enchaîne les consultations avec les forces politiques pour tenter d’apaiser les tensions et préparer son gouvernement. Après des rencontres avec l’extrême droite, les centristes, les socialistes et la droite, le Premier ministre reçoit ce mardi les écologistes, le MoDem, Horizons, les indépendants de Liot, les communistes, ainsi qu’Éric Ciotti, désormais allié du Rassemblement National.
Les écologistes seront représentés par Cyrielle Chatelain, cheffe de file à l’Assemblée, Guillaume Gontard, son homologue au Sénat, et Marine Tondelier, secrétaire nationale du parti. Ces échanges s’inscrivent dans un calendrier serré : François Bayrou souhaite dévoiler la composition de son gouvernement avant Noël, « si le président est là », a-t-il précisé lundi.
Un démarrage difficile marqué par la défiance des Français
Mais ces consultations se déroulent dans un contexte de défiance. Selon un sondage BVA Xsight pour RTL, publié lundi, François Bayrou souffre d’un faible niveau de confiance pour ses premiers jours à Matignon : 59 % des Français déclarent avoir une mauvaise opinion de lui, contre seulement 40 % de bonnes opinions.
Un chiffre qui tranche avec ses prédécesseurs. En 2017, Édouard Philippe recueillait 59 % d’opinions favorables à son arrivée ; Jean Castex atteignait 56 %, tandis qu’Élisabeth Borne plafonnait à 50 %. À l’opposé, François Bayrou peine à convaincre : 52 % des sondés doutent de sa capacité à dialoguer et à rassembler. Plus inquiétant encore, seuls 34 % des Français croient en sa capacité à instaurer une nouvelle dynamique pour le gouvernement.
Les premières nominations au cabinet du Premier ministre
Ce mardi, plusieurs nominations ont été officialisées au Journal Officiel pour composer l’équipe rapprochée du Premier ministre. Nicolas Pernot a été désigné directeur de cabinet, tandis que Pierre-Emmanuel Portheret occupera le poste de chef de cabinet. Le général Frank Barrera prendra la tête du cabinet militaire, et Nolwenn Chouffot a été nommée chargée de mission.
Ces nominations marquent un premier pas dans l’organisation du travail à Matignon, alors que les attentes s’intensifient autour de François Bayrou.
Une semaine décisive pour le nouveau Premier ministre
La pression est forte pour le président du MoDem, qui doit à la fois gérer la crise à Mayotte, composer son gouvernement et convaincre les Français. Dans l’après-midi, il se rendra à l’Assemblée nationale pour répondre pendant 45 minutes aux questions des présidents de groupe. Un exercice délicat qui pourrait, s’il est maîtrisé, lui permettre de regagner un peu de crédit.
Mais les défis sont immenses. Le contexte politique reste tendu, et l’urgence d’agir se fait sentir, tant sur le plan symbolique que sur le fond. Pour François Bayrou, cette semaine sera déterminante : convaincre ou s’enliser.