- Martin Ajdari a été officiellement confirmé à la présidence de l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom) ce mercredi 18 décembre 2024.
- Son élection intervient après une audition devant les députés et une validation par le Parlement, avec pour mission de piloter une régulation adaptée aux bouleversements du secteur audiovisuel et numérique.
C’est officiel : Martin Ajdari sera le prochain président de l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom). Le haut fonctionnaire, actuellement directeur adjoint de l’Opéra de Paris, a vu sa nomination validée par un vote au Parlement ce mercredi 18 décembre, après avoir été auditionné par les députés de la commission des affaires culturelles et de l’éducation. À l’issue du scrutin, 47 voix se sont prononcées en sa faveur, 36 contre, et 3 se sont abstenues.
La candidature de Martin Ajdari, proposée par Emmanuel Macron, avait déjà été examinée la veille par la commission sénatoriale. Un processus qui a abouti à une confirmation malgré un score moins favorable au Sénat. Il lui aurait fallu 50 voix contre pour que sa nomination soit invalidée, mais la majorité des voix à l’Assemblée nationale a permis de maintenir son élection. Ajdari succédera ainsi à Roch-Olivier Maistre, à partir du 2 février 2024.
Martin Ajdari n’est pas un inconnu dans le secteur audiovisuel. Ancien dirigeant de Radio France et de France Télévisions, il a également exercé des fonctions dans plusieurs cabinets ministériels sous les gouvernements socialistes, notamment aux côtés de Laurent Fabius aux Finances et d’Aurélie Filippetti à la Culture.
Une régulation face à un secteur en mutation
L’un des grands défis qui attend Martin Ajdari à la tête de l’Arcom est de faire face à la transformation rapide du paysage audiovisuel, notamment l’émergence des géants du numérique. Lors de son audition, il a souligné l’importance d’adapter l’action de l’Arcom à cette évolution : « Nous sommes passés d’un écosystème médiatique cloisonné, dominé par quelques grands diffuseurs nationaux, à un environnement ouvert et fragmenté, où les acteurs numériques sont tous extra-européens. »
Face à cette situation, il a défendu une Arcom qui se place « en première ligne » pour garantir le pluralisme de l’information et la régulation des plateformes en ligne. Une mission cruciale alors que les enjeux de piratage numérique et de protection des contenus deviennent de plus en plus prégnants.
La réforme de l’audiovisuel public : une priorité
Un autre enjeu majeur de son mandat sera la réforme de l’audiovisuel public. Depuis plusieurs mois, cette réforme est au cœur des débats politiques, et Martin Ajdari a affirmé son soutien à un regroupement des sociétés de l’audiovisuel public. « Même réuni, l’audiovisuel public reste de taille modeste », a-t-il déclaré, évoquant la nécessité de créer une « holding » pour préserver l’autonomie de chaque société tout en permettant des synergies. Toutefois, il a reconnu que cette réforme suscite des interrogations parmi les salariés, tout en soulignant les succès des précédentes mutualisations, comme celles réalisées au sein de France Télévisions et France Info.
Trois principes directeurs pour son mandat
Lors de son audition, Martin Ajdari a exposé les grands principes qui guideront son action à la tête de l’Arcom : « La liberté de communication, l’impartialité de la décision et la collégialité de la décision ». Ces valeurs seront essentielles pour gérer les défis qui se profilent, à commencer par la crise de confiance envers les médias traditionnels. Ajdari a aussi évoqué la nécessité de soutenir la création audiovisuelle, de continuer à développer le pluralisme à l’antenne et de lutter contre la consommation illégale de contenus sportifs.
Des critiques politiques sur la régulation
Malgré la validation de sa nomination, Martin Ajdari n’a pas échappé aux critiques de certains élus. Les députés du Rassemblement national ont dénoncé une supposée partialité des médias publics, qu’ils jugent trop à gauche, voire « anti-RN« . De son côté, La France insoumise a critiqué la reconduction de la fréquence de CNews et l’absence de sanctions jugées suffisamment sévères. Interrogé sur ces sujets, Martin Ajdari a répondu avec prudence : « Lorsqu’il doit intervenir, le régulateur intervient. Il a pris des sanctions assez régulières. Est-ce que la prise de certaines sanctions doit entraîner la non-reconduction d’autorisation, ce n’est pas ce que la loi prévoit. » Il a ajouté : « Je n’ai aucune raison de considérer que dans son équilibre général, cet exercice de régulation ait manqué à sa mission. »