- Jeudi 19 décembre, François Bayrou a esquissé les contours de son projet politique lors d’une réunion à Matignon.
- À l’ordre du jour : une tentative de rassemblement des forces politiques et un plan pour relancer la réforme des retraites, malgré un climat politique tendu.
Dans une démarche visant à structurer le dialogue politique, François Bayrou a proposé une organisation en « trois cercles » : le premier regrouperait ceux qui participeront au gouvernement tout en respectant les sensibilités différentes, le second inclurait ceux qui refuseront de gouverner mais resteront ouverts au dialogue, et le troisième concernerait ceux qui choisiront de rester en dehors, à l’instar du Rassemblement national (RN) et de La France insoumise (LFI), qui n’étaient pas conviés à cette réunion.
« Je n’entends pas écarter le RN et la LFI de la vie nationale« , a toutefois assuré François Bayrou, tout en soulignant que ces partis n’étaient pas conviés à Matignon. Cette exclusion a été perçue comme une tentative de réduire l’influence des extrêmes dans le débat public.
Réforme des retraites : un sujet explosif
Le Premier ministre s’est montré déterminé à reprendre la réforme des retraites adoptée en 2023 grâce au controversé article 49.3. « Je crois qu’il existe une alternative à l’âge légal de 64 ans« , a-t-il avancé, tout en ajoutant : « Je ne crois pas que cette dernière pourra in fine être purement et simplement abrogée.«
François Bayrou a également exprimé sa volonté de relancer les discussions avec les partis, tout en préservant le texte existant. L’objectif : apaiser les tensions tout en évitant une motion de censure. « Je n’utiliserai pas le 49.3, sauf s’il y a blocage absolu sur le budget« , a-t-il précisé lors de son passage sur France 2. Ce budget 2025, actuellement suspendu, devra être finalisé « à la mi-février« , un calendrier qu’il qualifie lui-même d’ »ambitieux« .
Un gouvernement à annoncer avant Noël
Bayrou espère dévoiler son gouvernement « avant Noël« , mardi soir au plus tard. Il a indiqué vouloir maintenir Bruno Retailleau au ministère de l’Intérieur, saluant son action : « Il a montré ces dernières semaines et derniers mois qu’il avait trouvé des décisions et des orientations qui répondaient à une partie de ce que l’opinion demande. »
Jean-Noël Barrot, actuellement ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, pourrait également conserver son poste. « J’aimerais que Jean-Noël Barrot reste au Quai d’Orsay car il a fait un bon boulot », a déclaré Bruno Millienne, porte-parole du MoDem.
Des réactions contrastées
Malgré ces annonces, les oppositions demeurent sceptiques. Laurent Wauquiez, chef des députés Les Républicains (LR), a demandé « un engagement de stabilité de six mois » avant de s’engager. Dans une réunion interne, il a néanmoins laissé entendre que « les conditions étaient plutôt réunies pour continuer« , tout en demandant des « éclaircissements » supplémentaires.
À gauche, la méfiance est palpable. « Ce gouvernement-là, je ne sais pas s’il sera nommé avant Noël, mais il ne terminera pas l’hiver », a affirmé Éric Coquerel, député LFI et président de la commission des Finances, sur CNEWS et Europe 1.
François Bayrou se trouve à un carrefour politique crucial. Entre les tensions autour de la réforme des retraites, les exigences des Républicains et la défiance des oppositions, le futur gouvernement devra faire preuve d’une grande résilience.
