- Mayotte, durement frappée par le cyclone Chido, attend toujours une réponse à la hauteur de l’urgence humanitaire.
- L’élue locale, Estelle Youssouffa, tire la sonnette d’alarme face à une gestion de crise qu’elle juge « pathétique ».
Mayotte, département français d’outre-mer, traverse une crise humanitaire sans précédent après le passage dévastateur du cyclone Chido. Invitée sur France Inter ce lundi 23 décembre, Estelle Youssouffa, députée (Liot) de la 1ère circonscription de Mayotte, n’a pas caché son indignation face à ce qu’elle considère comme une gestion défaillante de l’État. « La petite tambouille parisienne continue, et en fait, on s’en fout de Mayotte« , a-t-elle notamment déclaré.
Une situation humanitaire alarmante
Le cyclone Chido a laissé Mayotte dans un état de désarroi total. L’île souffre d’une absence d’eau potable, de pénuries de secours et de pillages qui s’intensifient. Invitée sur France Inter ce lundi 23 décembre, Estelle Youssouffa : « Je suis avec notre population qui n’a pas d’eau, pas vu de secours. Je demande désespérément qu’on envoie l’armée pour essayer d’éviter qu’on bascule dans l’anarchie« .
Malgré l’urgence de la situation, la réponse du gouvernement tarde à se concrétiser. Pour l’élue, cette inaction est synonyme de « mépris profond » envers Mayotte. « Je ne suis pas seulement bouleversée, je trouve que c’est tellement méprisant, tellement grave, tellement médiocre, qu’on n’a plus les mots« , a-t-elle confié.
Une gestion politique controversée
Estelle Youssouffa s’en prend également à l’agenda politique national, critiquant un potentiel remaniement ministériel en pleine journée de deuil national. « On voit […] le Premier ministre qui semble visiblement envisager de faire un remaniement un jour de deuil national, monsieur qui avait un conseil municipal à Pau, qui n’est toujours pas venu à Mayotte et qui maintenant envisage d’annoncer son nouveau gouvernement un jour de deuil national », a-t-elle déploré.
Pour l’élue, ce choix de calendrier est une insulte à la gravité de la situation sur le terrain. « On continue à avoir la discussion sur qui va avoir quel poste et ce, le jour du deuil national, qui est censé nous permettre à nous tous non seulement de nous recueillir mais d’obtenir une mobilisation plus importante », a-t-elle poursuivi.
Un ministre accusé de « communication vide »
La visite récente du ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, n’a pas été mieux accueillie. Estelle Youssouffa l’accuse d’avoir mené une « opération de communication » sans apporter de réponses concrètes. « Il a laissé les parlementaires derrière lui, amené des journalistes et puis il est reparti. Je n’ai pas eu une nouvelle […] depuis que le ministre a quitté l’île », a-t-elle expliqué.
Elle dénonce également une attitude « d’une rare obscénité » face à une « île qui est dans une grande détresse humanitaire » et un « désert sanitaire« . « On continue à avoir des membres du gouvernement qui font de la com comme si de rien n’était », a-t-elle ajouté.
Un appel à une mobilisation urgenteDans ce contexte, la députée appelle à une mobilisation à la fois nationale et internationale. Elle insiste sur la nécessité d’une intervention militaire pour rétablir l’ordre et fournir une aide humanitaire essentielle.
« Alors qu’on voit toute la compassion, la solidarité de nos compatriotes, leur générosité, au niveau de la classe politique c’est pathétique« , a-t-elle affirmé. Estelle Youssouffa espère que cette catastrophe servira de révélateur pour une prise de conscience durable sur les besoins structurels de Mayotte.