La grève des marins de Marseille, qui se poursuit jusqu’au 15 janvier, met en lumière les inquiétudes grandissantes face à la concurrence étrangère dans le secteur du transport maritime. Frédéric Alpozzo, secrétaire général de la CGT des marins de Marseille, a exprimé de vives préoccupations concernant l’avenir de milliers d’emplois dans les compagnies maritimes françaises, en particulier Corsica Linea et La Méridionale.
« Dès la fin de l’année, nous aurions très certainement des menaces sur 600 à 700 emplois« , a averti Frédéric Alpozzo, en référence à la mise en concurrence des traversées maritimes en Méditerranée. Cette situation découle de l’ouverture à la concurrence des lignes passagers entre Marseille, la Corse et le Maghreb. La CGT estime que les compagnies maritimes françaises risquent de perdre des parts de marché au profit de compagnies étrangères comme GNV (Grandi Navi Veloci), qui assure depuis un mois la liaison entre Sète et le Maghreb.
« Si des compagnies étrangères comme GNV remplacent Corsica Linea et La Méridionale, ce sera un coup fatal pour les emplois français« , explique le représentant syndical. Selon lui, ces compagnies, opérant sous des règles moins strictes, ne respectent pas le droit du travail français, ce qui favorise un dumping social.
Le modèle « low cost » mis en cause
Le syndicat dénonce un modèle économique de type low cost, où les marins étrangers employés par ces compagnies n’ont pas de contrat de travail à durée indéterminée et sont souvent privés de droits sociaux. « C’est le far west« , résume Frédéric Alpozzo. Selon lui, cette situation met en péril les conditions de travail des marins français, tout en favorisant des tarifs plus bas, mais au détriment de la qualité et des droits des travailleurs.
L’ouverture à la concurrence, bien que légale, est perçue comme une menace pour l’équilibre du marché, avec des conséquences potentielles sur la compétitivité des compagnies françaises et la sécurité des travailleurs.
GNV : une compagnie favorisée par l’État ?
La situation prend une tournure politique avec les accusations de Frédéric Alpozzo concernant les liens entre GNV et certains responsables politiques français. Le secrétaire général de l’Élysée, Alexis Kohler, est cité par la CGT comme ayant des liens familiaux avec la famille Aponte, propriétaire du groupe MSC, auquel GNV appartient. Frédéric Alpozzo n’hésite pas à accuser Alexis Kohler d’avoir favorisé les intérêts de GNV, en particulier dans le cadre des décisions liées au transport maritime. « Je demande au parquet national financier de s’intéresser à cette affaire« , a-t-il ajouté.
Des solutions pour protéger les emplois français
Face à cette situation, la CGT appelle à l’unité des compagnies françaises pour renforcer leur présence sur le marché et éviter la domination des compagnies étrangères. « Corsica Linea est déjà présente depuis trois ans, et La Méridionale doit développer son activité, notamment pour le Maroc, afin de concurrencer efficacement GNV« , plaide Frédéric Alpozzo. Le syndicat demande la mise en place d’un programme commercial sur l’ensemble de l’année pour renforcer la compétitivité des compagnies françaises.