Bernard Arnault, le PDG du géant du luxe LVMH, est en pourparlers avancés pour prendre le contrôle du quotidien libéral L’Opinion et du site financier l’Agefi. C’est ce qu’a révélé, ce jeudi 16 janvier, le média spécialisé La Lettre. Cette manœuvre pourrait marquer un tournant majeur dans le paysage médiatique français, alors que ces deux publications font face à des difficultés financières récurrentes.
Fondé en mai 2013 par Nicolas Beytout, L’Opinion a toujours défendu une ligne éditoriale résolument libérale et pro-européenne. Toutefois, malgré une niche de lecteurs fidèles, le quotidien peine à atteindre la rentabilité, affichant un déficit chronique. Les tentatives de refinancement ont échoué : en juin 2023, Beytout avait tenté d’ouvrir son capital à Daniel Kretinsky, le milliardaire tchèque, puis à Rodolphe Saadé, le patron du groupe CMA CGM, sans succès.
Face à ces échecs, Nicolas Beytout, premier actionnaire de Bey Médias (maison-mère de L’Opinion et l’Agefi), aurait de nouveau tourné son regard vers Bernard Arnault, avec lequel il entretient des relations de longue date. Selon La Lettre, les négociations pour céder une partie de ses parts à l’homme d’affaires français seraient désormais bien avancées.
Plus de médias pour renforcer son positionnement
Bernard Arnault, déjà propriétaire de Les Echos, Le Parisien et Paris Match, renforcerait ainsi son emprise sur le paysage médiatique français. LVMH, via ses différentes filiales, détient déjà environ 25 % de Bey Médias, mais l’acquisition des parts de Beytout et des Bettencourt, famille actionnaire à hauteur de 25 %, pourrait lui permettre de prendre le contrôle total de L’Opinion et l’Agefi. Un coup stratégique pour un homme d’affaires qui semble vouloir étendre son influence au-delà du secteur du luxe.
L’Agefi, le site spécialisé dans l’information financière, fait partie du même groupe. Bien que moins médiatisé que L’Opinion, l’Agefi est un acteur reconnu dans le domaine de la presse économique. Avec ce rachat, Bernard Arnault pourrait ainsi renforcer sa position dans le secteur de l’information financière, un domaine où LVMH est déjà bien implanté.
Des enjeux politiques et éditoriaux
Cette prise de contrôle pourrait avoir des conséquences profondes sur la ligne éditoriale des deux publications. L’Opinion, fidèle à ses positions libérales et pro-européennes, pourrait voir sa ligne directrice évoluer sous l’influence de son nouveau propriétaire. De plus, la concentration des médias entre les mains d’un seul acteur soulève des interrogations sur l’indépendance éditoriale et la diversité de l’information en France.
Si cette acquisition se concrétise, Bernard Arnault deviendrait l’un des acteurs incontournables des médias français. Cette opération permettra à L’Opinion et l’Agefi de sortir de leur impasse financière, mais renforcera aussi les préoccupations sur la concentration du pouvoir médiatique en France.
Quoi qu’il en soit, cette évolution marque un tournant dans l’histoire des médias français et pourrait bien redéfinir les contours de la presse en France dans les années à venir.