À l’heure où l’Allemagne traverse une crise économique sans précédent, les élections législatives anticipées de ce dimanche revêtent un enjeu crucial. Confrontée à un ralentissement persistant, la première économie européenne doit impérativement trouver un nouveau cap. Tour d’horizon des propositions économiques des principaux partis en lice.
CDU/CSU : baisser les impôts et relancer le nucléaire
Les conservateurs de la CDU/CSU veulent redonner de l’oxygène aux entreprises et aux ménages. Pour cela, ils proposent une baisse de l’impôt sur les sociétés à 25 % et la suppression de la taxe de solidarité, instaurée après la réunification. Côté énergie, la CDU plaide pour un retour au nucléaire afin de garantir un approvisionnement stable et sécurisé.
Sur le plan réglementaire, Friedrich Merz et son camp veulent alléger les contraintes pesant sur les entreprises en réduisant les normes sociales et environnementales. Ils s’opposent également à l’interdiction de la vente des voitures thermiques neuves en 2035, une mesure décidée par Bruxelles.
SPD : stimuler l’investissement et renforcer l’État-providence
Le chancelier sortant Olaf Scholz mise sur un plan d’investissement massif. Son parti, le SPD, propose un crédit d’impôt de 10 % pour les entreprises investissant dans l’industrie allemande, espérant ainsi relancer la production nationale. Un fonds de 100 milliards d’euros est également prévu pour moderniser le pays, notamment via la transition écologique et numérique.
Sur le volet social, le SPD prévoit l’instauration d’un impôt sur la fortune, une réforme de l’impôt sur les successions et une revalorisation du salaire minimum, qui passerait à 15 €/heure d’ici 2026. En parallèle, Olaf Scholz veut rendre le frein à l’endettement plus flexible afin de faciliter le financement des grands projets d’avenir.
AfD : un retour au Deutsche Mark et un allégement fiscal massif
L’AfD, parti d’extrême droite, se distingue avec une proposition choc : sortir de l’euro et rétablir le Deutsche Mark. Sur le plan fiscal, il préconise une baisse des impôts, notamment via la suppression de la taxe de solidarité et une refonte de l’impôt sur le revenu, avec moins de tranches et des taux réduits.
Sur le front énergétique, l’AfD prône la construction de nouvelles centrales à charbon et un retour au nucléaire, tout en demandant la suppression des quotas d’émission de CO2 et d’autres normes environnementales jugées trop contraignantes.
Die Grünen : un pari sur la transition énergétique
Les Verts allemands placent la transition écologique au cœur de leur programme. Ils souhaitent une sortie complète du charbond’ici 2030 et une électricité totalement décarbonée en 2035, sans recours au nucléaire. Pour y parvenir, ils prévoient une prime à l’investissement de 10 % pour les entreprises et une augmentation significative des dépenses en recherche et développement.
Pour financer ces mesures, Die Grünen envisagent un impôt global sur les milliardaires, une réforme de l’impôt sur les successions et un renforcement des aides pour les ménages modestes.
Die Linke : taxer les grandes fortunes et investir massivement
Le parti de gauche Die Linke veut engager une reconversion industrielle et écologique en créant un fonds d’investissement de 200 milliards d’euros. Pour financer cette transformation, il propose une augmentation de la fiscalité des grandes entreprises et un retour de l’impôt sur la fortune.
Sur le plan social, Die Linke souhaite une hausse du salaire minimum à 15 €, une suppression du frein à l’endettement et une interdiction de répercuter la taxe foncière sur les locataires. Enfin, il milite pour une sortie totale du charbon en 2030 et un basculement vers une énergie 100 % renouvelable d’ici 2035.
Avec une CDU/CSU donnée favorite dans les sondages, suivie de près par l’AfD et un SPD en perte de vitesse, ces élections s’annoncent décisives. La formation de la prochaine coalition sera déterminante pour l’avenir économique du pays, et au-delà, pour l’Europe toute entière.
La France, principal partenaire commercial de l’Allemagne, scrutera avec attention l’issue de ce scrutin, dont les répercussions se feront sentir bien au-delà du Rhin.
