La réforme des retraites continue de diviser la classe politique et les partenaires sociaux. En réaffirmant son opposition au retour de l’âge légal de départ à 62 ans, François Bayrou a ravivé les tensions sur un dossier déjà explosif.
Le Premier ministre François Bayrou a réaffirmé ce dimanche 16 mars sur France Inter qu’un retour à l’âge légal de départ à la retraite à 62 ans n’était pas envisageable. « Je ne crois pas que la solution paramétrique, un âge pour tout le monde, soit la seule solution. Peut-être qu’on en reviendra là, mais on peut voir d’autres options« , a-t-il déclaré, fermant la porte aux revendications syndicales et suscitant de vives réactions dans le paysage politique.
Un refus catégorique face aux revendications syndicales
Les syndicats, qui participaient aux concertations du « conclave » sur les retraites, avaient formulé la demande d’un retour à 62 ans pour l’âge légal de départ à la retraite. Mais le Premier ministre a balayé cette option d’un revers de main, insistant sur la nécessité de débattre de manière plus large : « Il faut à tout prix avoir deux discussions : une sur le privé, avec l’objectif de revenir à l’équilibre pour 2030, et une discussion pour le public. »
Cette position s’inscrit dans le prolongement des discussions lancées en janvier, lorsque le gouvernement avait rouvert le dossier des retraites pour éviter une censure du Parti socialiste. Toutefois, les concertations engagées depuis le 27 février semblent aujourd’hui dans l’impasse, et les chances de parvenir à un nouvel accord apparaissent de plus en plus minces.
Un « conclave » jugé obsolète par Édouard Philippe
L’ancien Premier ministre et candidat à la présidentielle, Édouard Philippe, a critiqué ce « conclave« , estimant qu’il était « complètement dépassé« . Une vision que ne partage pas François Bayrou, qui a tenu à marquer sa différence avec son prédécesseur : « J’ai en effet une divergence avec Édouard Philippe. Édouard Philippe considère que la démocratie sociale et les partenaires sociaux, c’est négligeable, qu’il faut (les) laisser de côté, qu’il faut considérer que désormais la décision doit venir du sommet et s’imposer à la base. »
Des critiques unanimes de l’opposition
Le refus de revenir à 62 ans a suscité une salve de critiques de la part de La France Insoumise (LFI). Jean-Luc Mélenchon a dénoncé sur X un « foutage de gueule » en réaction aux arguments avancés par Bayrou. Manuel Bompard, député des Bouches-du-Rhône, a qualifié cette décision d' »irresponsable« .
Antoine Léaument, député de l’Essonne, a critiqué la stratégie du gouvernement : « Bayrou refuse de revenir à la retraite à 62 ans même si son prétendu ‘conclave’ en décidait ainsi. Ceux qui ont cru à cette arnaque en ont pour leurs frais. »
Chez les socialistes, le chef du parti Olivier Faure a souligné que « la défense ne peut servir de prétexte à l’accélération d’une politique de suppression des droits. » Boris Vallaud, président des députés PS, a renchéri en pointant une « brutalité de la trahison de la parole donnée… et écrite » de la part du Premier ministre.
Le Rassemblement national a également critiqué la justification du gouvernement. « L’Ukraine est devenue l’excuse pour ne plus rien faire sur l’immigration, les retraites ou le Mercosur ! », a dénoncé le député du Nord Sébastien Chenu sur BFMTV.
Quant à Nicolas Dragon, député de l’Aisne, il a regretté que « le contexte international va devenir l’excuse de tout« , citant notamment « la dette » et « l’excuse de faire les poches des Français« .
Avec une opposition farouche et des concertations qui peinent à aboutir, l’avenir de la réforme des retraites reste incertain. Alors que le gouvernement cherche à maintenir le cap, la grogne des syndicats et des partis d’opposition pourrait bien continuer à peser sur l’agenda politique des mois à venir.
