- Alors que Donald Trump frappe fort avec une hausse historique des droits de douane, la Chine réplique.
- Une escalade qui inquiète les milieux économiques et diplomatiques.
La Chine n’aura pas tardé à répondre. Moins de 24 heures après l’annonce de la Maison Blanche portant les droits de douane sur les produits chinois à 104 %, Pékin a répliqué avec vigueur : à partir de ce jeudi 10 avril à 12h01 heure locale (6h01 heure de Paris), les surtaxes appliquées à certains produits américains passeront de 34 % à 84 %.
Dans un communiqué sobre mais ferme, le ministère chinois du Commerce justifie cette décision par la nécessité de « défendre les intérêts économiques de la nation face à des mesures unilatérales et injustifiées ».
À Pékin, le temps des stratégies de repli
La riposte chinoise ne s’arrête pas aux chiffres. Une réunion de crise s’est tenue mercredi 9 avril, réunissant les principaux acteurs du commerce extérieur chinois. L’objectif : dresser un plan de bataille face à un choc commercial désormais inévitable.
Les regards se tournent désormais vers le Moyen-Orient, l’Amérique du Sud ou encore l’Asie du Sud-Est. Une tournée diplomatique de Xi Jinping serait d’ailleurs en préparation, avec des étapes prévues au Vietnam, en Malaisie et au Cambodge. Une manière de consolider les alliances économiques régionales, alors que les relations avec Washington s’enveniment.
Walmart en première ligne
L’impact est aussi immédiat pour certaines entreprises américaines. Walmart, premier importateur des États-Unis, est particulièrement concerné. Le géant de la distribution réalise environ 60 % de ses achats à l’international en Chine, soit près de 100 milliards de dollars d’importations chaque année. Une hausse de plus de 100 % des tarifs douaniers risque d’alourdir considérablement ses coûts.
Le groupe doit d’ailleurs présenter ce soir ses prévisions à long terme lors de sa réunion annuelle avec les investisseurs. L’occasion, peut-être, de dévoiler une nouvelle stratégie face à cette guerre tarifaire.
Petits colis, grands enjeux
Autre front ouvert par Donald Trump : celui des petits colis. Le président américain a signé mardi soir un décret triplant les droits de douane sur les envois de faible valeur provenant de Chine. Inspirée d’une proposition européenne, cette mesure vise à freiner la prolifération de mini-colis, souvent exempts de tout contrôle.
À compter du 2 mai, ces paquets seront taxés à hauteur de 30 % ou 25 dollars minimum, contre une exonération totale auparavant jusqu’à 800 dollars. Une décision qui pourrait bouleverser le e-commerce transpacifique, en particulier les plateformes chinoises comme Shein, Temu ou AliExpress.
La Russie s’inquiète, l’OMC bousculée
La réaction internationale ne s’est pas fait attendre. La Russie a dénoncé une violation flagrante des règles de l’OMC. Maria Zakharova, porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, estime que « la Maison Blanche agit en dehors du droit commercial international » et qualifie cette escalade de « particulièrement dangereuse, car elle concerne les deux plus grandes économies mondiales ».
Alors que le multilatéralisme semble s’effriter, cette nouvelle poussée de fièvre commerciale marque un tournant. Le protectionnisme gagne du terrain, les tensions sino-américaines s’enracinent, et les équilibres économiques mondiaux vacillent.
