- À une semaine du vote de confiance du 8 septembre, François Bayrou défend sa ligne budgétaire, place la dette au cœur du débat et multiplie les consultations à Matignon.
- « Continuons le combat », lance le Premier ministre, s’assurant du « minimum d’assentiment » à l’Assemblée.
À quelques jours d’un vote de confiance décisif sur la trajectoire budgétaire, le Premier ministre se pose en pédagogue de la dette et en chef de file déterminé, entre séquence médiatique et marathon de consultations.
Dans le calme feutré de son bureau de Matignon, François Bayrou a choisi la longueur et la fermeté. Près d’une heure et demie d’entretien, diffusée sur quatre chaines d’information en continu ( LCI, BFMTV, CNews et franceinfo) pour réaffirmer sa boussole budgétaire et, surtout, rappeler que l’instant dépasse sa propre personne.
« La question », insiste-t-il, n’est pas « le destin du Premier ministre », mais bien celui du pays : « le destin de la France ». Et d’ajouter, comme un avertissement préalable : « Il n’y a aucune politique courageuse possible » sans « l’assentiment minimal des Français et de ceux qui les représentent » sur la dette.
En conclusion, un clin d’œil identitaire et un message martial — « Continuons le combat », lance-t-il en béarnais — adressé à une opposition pressée de « dire “au revoir” » et de tourner la page lors du vote du 8 septembre. Ce n’est pas à l’ordre du jour, prévient-il.
« Les jours qui vont venir sont cruciaux. Si vous imaginez que je peux abandonner les combats que je mène depuis des années et que je continuerai à mener après, vous vous trompez. »
La dette comme pivot du débat public
Depuis une semaine, Bayrou a installé la dette au cœur de la scène. Il s’en félicite, d’ailleurs, de voir un pays « où on n’a jamais parlé de ce sujet comme on en parle depuis huit jours ». Pour lui, l’exercice n’est pas seulement comptable : il s’agit d’obtenir un « assentiment minimal » qui permette, enfin, des choix « courageux ». Derrière la rhétorique, une conviction : l’arbitrage budgétaire ne se tranche ni à huis clos ni à la faveur d’un simple rapport technocratique, mais au grand jour, devant la représentation nationale.
« Nous pouvons être les maîtres de notre avenir »
Le chef du gouvernement s’emploie à tenir ensemble détermination et ouverture. « Il y a un chemin. Je n’ai jamais cessé de croire », affirme-t-il, avant de reconnaître la diversité des positions dans le pays comme dans l’hémicycle.
« Je n’ai pas l’impression que tout le monde est d’accord, mais la vie consiste à prendre ses amis, proches, concitoyens comme ils sont et les amener à une construction plus constructive, plus ouverte. » L’exhortation vaut méthode : « être lucide et ne pas être aveugle. »
Une semaine de tractations sous haute tension
Cap désormais sur la mécanique parlementaire. À J-7 du vote de confiance, Matignon déroule un agenda serré. Ce lundi, à 17 heures, le Premier ministre reçoit le Parti communiste français : le secrétaire national Fabien Roussel et le président du groupe à l’Assemblée, Stéphane Peu. Mardi et mercredi, place aux composantes de la coalition présidentielle, mais aussi à Place publique (le parti de Raphaël Glucksmann), au Rassemblement national, à l’UDR d’Éric Ciotti, puis au groupe centriste Liot. Jeudi matin, ce sera au tour du Parti socialiste, suivi de l’UDI présidée par Hervé Marseille. La France insoumise et les Écologistes, eux, ont décliné l’invitation.
Ce ballet illustre l’équation du moment : rassembler assez large pour sécuriser un vote de confiance sur la trajectoire budgétaire, sans renier l’ambition affichée. « Nous pouvons être les maîtres de notre avenir », répète Bayrou. Encore faut-il convaincre, à défaut d’enthousiasmer.
Entre pédagogie et bras de fer, François Bayrou a choisi d’assumer — et d’exposer — sa ligne. Le récit d’ici là est déjà écrit : consultations tous azimuts, parole tenue au cordeau et, en guise de promesse, cette formule-étendard : « Continuons le combat. »
